Le Soudan du Sud a accusé mardi le Soudan d'avoir mené de nouveaux bombardements sur son territoire, une offensive considérée comme une déclaration de guerre par le président sud-soudanais Salva Kiir.
Des avions Antonov soudanais ont pénétré jusqu'à 40 km à l'intérieur du territoire sud-soudanais pour bombarder les villages de Teschween, Panakuach et Roliaq, situés dans l'Etat pétrolifère d'Unité, a indiqué le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philipe Aguer.
"Il n'y a pas de cessez-le-feu avec Khartoum. Khartoum nous déclare la guerre jour après jour", a-t-il dit.
Accusé depuis plusieurs semaines de mener des bombardements en territoire sud-soudanais, Khartoum dément catégoriquement toute frappe aérienne.
Face à l'escalade verbale et à ces nouveaux bombardements, les Etats-Unis, la Chine et la Grande-Bretagne ont appelé les deux parties à revenir à la table des négociations.
"Nous condamnons fermement l'incursion militaire soudanaise au Soudan du Sud. Le Soudan doit immédiatement cesser les bombardements aériens et les tirs d'artillerie au Soudan du Sud", a déclaré le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney.
A Pékin, le président chinois Hu Jintao, qui recevait son homologue sud-soudanais, a formulé l'espoir d'un retour au calme entre le Soudan du Sud et le Soudan.
"L'objectif le plus urgent est de coopérer activement aux efforts de médiation de la communauté internationale et d'arrêter le conflit armé dans les territoires frontaliers", a déclaré Hu.
"La Chine espère sincèrement que le Soudan du Sud et le Soudan seront à l'avenir de bons voisins qui coexisteront en toute amitié et de bons partenaires qui se développeront de concert", a ajouté le président chinois, dont les propos ont été rapportés par la télévision d'Etat.
Salva Kiir a fait part de ses inquiétudes à Hu Jintao, affirmant que le Soudan avait déclaré la guerre à son pays, devenu indépendant en juillet dernier.
"Cette (visite) intervient à un moment critique pour la République du Soudan du Sud parce que notre voisin de Khartoum (nous) a déclaré la guerre", a-t-il déclaré.
La Chine est très impliquée dans le secteur pétrolier du Soudan et du Soudan du Sud. Le Soudan a été jusqu'à récemment l'un de ses premiers fournisseurs de pétrole, mais les dernières statistiques douanières montrent une baisse de près de 40% des importations de brut soudanais vers la Chine en janvier et février par rapport à l'an dernier.
L'attaque de mardi survient au lendemain d'un bombardement des forces soudanaises mené sur le marché de la ville de Bentiu, dans l'Etat d'Unité, qui a fait deux morts selon la mission des Nations unies au Soudan du Sud.
En visite dans la région pétrolifère d'Heglig, trois jours après avoir annoncé avoir chassé de cette région l'armée sud-soudanaise, le président soudanais Omar Hassan al Bachir a rejeté lundi toute négociations avec le Soudan du Sud.
"Nous ne négocierons pas avec le gouvernement du Sud parce que le seul langage qu'ils comprennent est celui des armes et des munitions", a-t-il dit lundi.
Le ministre soudanais des Affaires étrangères Ali Karti a toutefois déclaré mardi que Khartoum était prêt à négocier sur des questions liées à la sécurité.
"Je suis désormais prêt à discuter mais sur les questions sécuritaires", a-t-il dit à des journalistes à Addis Abeba à l'issue d'une rencontre avec des responsables de l'Union africaine (UA).
Depuis l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, les tensions sont vives entre Khartoum et Juba qui ne parviennent pas à s'entendre sur le tracé de leur frontière commune. – AfricaLog avec agence