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Le probable Premier ministre d’Hollande est un condamné

May 10, 2012

Le Parti socialiste français cherchait jeudi à étouffer dans l'oeuf un début de polémique visant un proche de François Hollande dont le nom est cité avec insistance comme possible premier ministre du président élu, mais sur qui pèse une ancienne condamnation pour favoritisme.

Jean-Marc Ayrault, 62 ans, ancien chef du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et maire de Nantes (ouest), fait figure de favori pour diriger le gouvernement auquel travaille dans le secret M. Hollande. Mais le rappel par des médias de cette malencontreuse affaire remontant à 1997 est source d'embarras pour lui et pour le camp du président élu.

François Hollande avait pris la moralisation de la vie publique comme thème de campagne et assuré qu'il ne prendrait pas dans son équipe des personnes ayant fait l'objet de condamnations.

«Si des élus, socialistes ou autres, sont condamnés pour des faits de corruption, ils ne pourront pas se présenter pendant dix ans (à une élection). Je n'aurai pas autour de moi à l'Élysée des personnes jugées et condamnées», avait-il notamment affirmé le 14 avril dans un entretien au Journal du Dimanche.

Jean-Marc Ayrault a été condamné en 1997 à six mois de prison avec sursis et 30 000 francs ($5834 ) d'amende pour non-respect du code des marchés publics (équivalent au délit de favoritisme): l'association gérant le bulletin municipal de Nantes avait accordé un contrat sans appel d'offres préalable à une société proche du Parti socialiste local.

Très proche personnellement et politiquement de François Hollande, M. Ayrault a pris les devants jeudi après-midi dans une déclaration, sans faire référence au poste de premier ministre.

«Ma probité personnelle n'a jamais été mise en cause. Il n'a jamais été question d'enrichissement personnel ou de financement politique», a-t-il déclaré.

Il a précisé que l'affaire ne le concernait pas «intuitu personae» (personnellement) mais qu'il l'avait «assumée en tant que maire».

Le porte-parole du PS Benoît Hamon, interrogé un peu plus tôt au sujet d'un éventuel impact de cette condamnation sur l'avenir politique de M. Ayrault, a dit ne pas croire que cela puisse en avoir.

«Je ne crois pas. D'abord, ce n'est pas une affaire d'enrichissement. Il y a eu une condamnation, elle est très ancienne», a-t-il répondu. «Je pense que cela ne doit pas être retenu comme un argument contre Jean-Marc Ayrault», a ajouté M. Hamon.

François Hollande, élu dimanche président de la République, a annoncé qu'il désignerait son premier ministre le 15 mai, le jour de la passation des pouvoirs toujours exercés par Nicolas Sarkozy.

Jean-Marc Ayrault, qui a été l'un des piliers de sa campagne, est un proche de François Hollande qu'il avait soutenu lors de la primaire socialiste à l'automne 2011.

Ancien professeur d'allemand et bon connaisseur de l'Allemagne, il est entré au PS en 1971 et a dirigé de 1997 à 2012 le groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

M. Hollande s'est aussi attaché à déminer un autre dossier concernant M. Ayrault et qui risquait de compliquer les rapports entre socialistes et écologistes, qui font aussi partie de la majorité présidentielle.

Le maire de Nantes, défenseur d'un projet d'aéroport régional, se heurte à l'opposition acharnée de paysans menacés d'expropriation et d'associations écologistes dont plusieurs membres avaient engagé une grève de la faim.

Après un appel à la concertation du président élu, les expropriations ont été suspendues mercredi et les grévistes de la faim ont cessé leur mouvement.

La passation des pouvoirs entre le chef d'Etat français sortant Nicolas Sarkozy et le président élu François Hollande, suivie de son investiture, se déroulera à 10h (4h, heure de Montréal) mardi, a-t-on appris jeudi auprès de l'entourage du président élu.

Le responsable de la transition présidentielle auprès de François Hollande, Pierre Moscovici, a déclaré mercredi dans le quotidien Le Monde qu'il y aurait «l'installation elle-même, très codifiée», mais aussi «une dimension plus symbolique et personnelle». «François Hollande y réfléchit», a-il ajouté.

Cette cérémonie devrait être sobre, à en croire Ségolène Royal, ex-candidate à la présidentielle en 2007 et ancienne compagne de François Hollande.

Elle a affirmé que ne seraient présents «que les représentants des corps constitués» et a assuré que leurs quatre enfants ne seraient pas présents au palais de l'Élysée pour assister à l'investiture de leur père.

«Nous devons faire une République irréprochable», a-t-elle expliqué à la télévision Canal+. «C'est François Hollande qui est élu président de la République, ce n'est pas une famille, c'est pas les amis, c'est pas les copains». «Mes enfants, d'ailleurs, ne souhaitent pas être présents. Ils considèrent que ce n'est pas leur place».

Après la passation de pouvoirs, M. Hollande devrait arriver dans l'après-midi à Berlin. Il veut rouvrir les négociations sur le pacte européen de discipline budgétaire pour y ajouter des mesures de croissance.

La chancelière allemande est opposée à toute renégociation du pacte budgétaire et est opposée à une relance économique par la dépense publique.

Le président élu François Hollande a indiqué jeudi soir que la constitution du gouvernement interviendrait «sans doute en fin de journée» le 16 mai, au lendemain de son investiture à l'Élysée.

François Hollande, qui visitait la Bibliothèque de France, a rappelé qu'avant de partir mardi en Allemagne pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel il nommerait le premier ministre et qu'ensuite «la constitution du gouvernement aurait lieu sans doute en fin de journée le lendemain» mercredi 16 mai. – AfricaLog avec agence