«Je suis content que le président m’ait renouvelé sa confiance», dixit l’homme après sa nomination comme attaché de défense et chef de la mission militaire à Washington.
D’entrée de jeu, on peut, sans risque de se tromper, classer le général Boundouka Condé parmi les nouveaux riches guinéens. Il fait partie de l’équipe qui a pris le pouvoir le 23 décembre 2008 sous la direction du capitaine Moussa Dadis Camara.
Avec l’attentat contre ce dernier le 3 décembre 2009, la transition se verra confiée au général Sékouba Konaté dont Boundouka sera parmi les hommes de confiance.
Et sachant ce qu’a représenté la gestion de la transition sous le régime militaire (sous Dadis et Sékouba), les chefs militaires ne constituent point une référence en matière d’observation de l’orthodoxie financière et de la gestion des deniers publics.
Le général Boundouka s’est même offert le luxe de créer une fondation pour secourir les militaires blessés de guerre et autres. Quelle fortune ou pour être plus classe, quel budget!
Selon un soldat rencontré par AfricaLog, «c’est l’un des rares officiers à avoir sa famille établie hors du pays. Son épouse, capitaine de grade, vit au Royaume du Maroc. Et puis, ne pensez pas qu’il a été mis à la touche par le Président de la République. Il fait partie des hommes de confiance du Pr. Alpha Condé. Je peux affirmer qu’il a été mis à l’abri. N’oubliez pas qu’il est de l’équipe qui a pris le pouvoir avec Dadis. Au départ de ce dernier suite à la tentative d’assassinat de son aide de camp, Toumba, c’est le général Sékouba qui a dirigé la transition avec tout ce que cela comporte de gabegie».
Et ce jeune soldat de faire un aveu: «Grand, je vous dis que c’est le Général Lansana Conté qui a eu réellement le respect et l’obéissance de la troupe. Il a dirigé sans recourir à l’argent pour apaiser celle-ci. On le respectait vraiment. Tous les autres Présidents Dadis, Sékouba et Alpha Condé ne tiennent l’armée que par l’argent. Et l’argent des militaires, qui le gèrent si ce ne sont les officiers qui se trouvent à la tête des différents états-majors !»
On se souvient qu’à la faveur d’une cérémonie officielle, Sékouba Konaté va présenter et mettre les forces armées guinéennes au nouvel élu des Guinéens, Alpha Condé. Et parmi les chefs militaires, un certain Boundouka Condé.
Comme évoqué dans notre précédent article, Boundouka Condé, chef d’état-major de l’armée de terre va se montrer respectueux de ce nouveau Commandant en chef des forces armées. Il sera d’ailleurs l’acteur principal dans le ralliement à Alpha Condé des bérets rouges qui assuraient la protection de Sékouba Konaté. Quand on sait combien de fois ceux-ci voulaient tenir tête au nouveau pouvoir en ne prêtant allégeance qu’à Sékouba Konaté.
On comprend donc le coup qu’aurait dû constituer le départ de Boundouka de la tête de l’armée de terre. C’est pourquoi, avant que les interprétations ne finissent d’envahir la cité, un autre acte du Président de la République est aussitôt signé, affectant l’homme à de nouvelles fonctions.
Boundouka de réagir ainsi: «le fait que le président de la République ait mis fin à ma fonction de chef d’état-major de l’armée de terre, ne doit pas être perçu comme une punition. Il m’a plutôt renouvelé sa confiance», dit-il à un confrère.
Cette confiance renouvelée se traduit par son affectation: «Je vais aux Etats-Unis d’Amérique où j’ai été nommé par le président de la République en qualité d’attaché de défense et chef de la mission militaire à l’ambassade de Guinée aux Etats-Unis».
Il s’empressera de couper court aux commentaires qui ont suivi son "limogeage", même si le nouvel acte présidentiel a suivi moins de 24 heures: «C’est sûrement dû au fait que le décret n’ait pas été lu sur les ondes des média d’Etat» avant de relever une confusion qui avait déjà pris place dans la tête de nombre de personnes: «Il y a d’autres même qui pensent que c’est lié au fait que j’aie été entendu dans l’affaire de l’attaque de la résidence présidentielle. Ce n’est lié à rien du tout».
Apparemment, notre général semble bien se plaire dans sa nouvelle mission et dans son nouveau cadre d’évolution: «Je suis content que le président m’ait renouvelé sa confiance. Là-bas, je pourrai apprendre l’Anglais. C’est quelque chose qui me tenait à cœur depuis. Ça sera donc une occasion pour moi d’apprendre cette langue. Et pourquoi pas, à force de côtoyer les autres [diplomates, NDLR], j’aurais une expérience dans le milieu diplomatique».
Le général Boundouka Condé entend entamer les démarches dès le lundi 20 août «pour regagner mon nouveau poste d’affectation». A notre confrère, le général confie: «Peut-être que dans une année, je ne serai pas le même Boundouka».
AfricaLog.com