La Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), une ONG basée à Dakar, a appelé mardi l'Afrique et les Occidentaux à "empêcher" les exécutions en septembre de condamnés à mort annoncées par le président gambien Yahya Jammeh.
"Nous sommes profondément indignés. C'est ahurissant. Les chefs d'Etat africains ont été très complaisants avec Yahya Jammeh. La Gambie est un pays où les libertés publiques n'existent pas et où sont pratiquées des exécutions extrajudiciaires. Trop, c'est trop!", a affirmé le président de la Raddho, Alioune Tine.
"Le moment est venu pour que l'Afrique réagisse. Les présidents africains, le président de l'Union africaine (le Béninois Thomas Boni Yayi), (celui) de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, l'Ivoirien Alassane Ouattara), doivent empêcher ces exécutions et se mettre en première ligne. Nous interpellons les ambassades occidentales", a ajouté M. Tine.
"Si ces exécutions sont pratiquées, le siège de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples doit être mis ailleurs qu'en Gambie", a-t-il poursuivi.
Le principal opposant gambien, Ousainou Darboe, chef du Parti démocratique uni (UDP), a de son côté déclaré mardi que la décision de M. Jammeh est "regrettable".
"Je pense que soulever la question de l'exécution des condamnés à mort n'est pas un bon signe pour terminer le mois saint du jeûne" musulman, a ajouté M. Darboe, candidat malheureux à l'élection présidentielle de novembre remportée par le président Jammeh.
Dans une déclaration lundi à la Nation à l'occasion de la fête de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, Yahya Jammeh avait annoncé que tous les détenus condamnés à mort en Gambie seraient exécutés en septembre.
"Il n'est pas question que mon gouvernement permette que 99% de la population soit prise en otage par des criminels", avait-il expliqué.
Il n'a pas précisé le nombre de personnes actuellement dans le couloir de la mort en Gambie. Depuis juillet 2010, 47 personnes au total ont été condamnées à mort dans le pays, incluant d'anciens responsables sécuritaires. Des sources judiciaires ont indiqué que le chiffre est nettement plus élevé, sans toutefois le préciser.
La dernière exécution d'un condamné à mort en Gambie remonte à 2007.
Le président Jammeh, qui dirige son pays d'une main de fer, a été porté au pouvoir par un coup d'Etat en 1994, puis élu pour la première fois en 1996 et réélu trois fois (2001, 2006 et 2011). Son régime est régulièrement critiqué par des défenseurs des droits de l'Homme pour des violations des libertés. Il est notamment accusé d'entretenir un climat de terreur parmi les opposants et les journalistes, plusieurs hommes de médias ayant été tués, emprisonnés ou ayant disparu depuis 18 ans. – AfricaLog avec agence