Le président Joseph Kabila a formé un nouveau gouvernement en République démocratique du Congo (RDC) pour tenter notamment de pacifier l'est du pays, où près de 20.000 civils ont fui lundi les combats entre la rébellion de Laurent Nkunda et l'armée congolaise. Attendu depuis près d'un mois, à la suite de la démission du Premier ministre Antoine Gizenga, ce nouveau gouvernement "de combat et de reconstruction" dirigé par Adolphe Muzito, compte 54 membres avec trois vice-Premiers ministres, 37 ministres et 13 vice-ministres. Les ministres de la Défense, Chikez Diemu, et de l'Intérieur, Denis Kalume, qui n'ont pu réduire dans la province du Nord-Kivu (est) la rébellion de Laurent Nkunda, sont sanctionnés. Ils sont respectivement remplacés par Charles Mwando et Célestin Mbuyu. La formation de ce troisième gouvernement depuis l'élection en 2006 du président Kabila intervient au moment où des membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda enlève positions sur positions à l'armée régulière (FARDC). Sur le terrain, les forces rebelles continent leur progression vers Goma, la capitale du Nord-Kivu, province frontalière du Rwanda.
Ainsi lundi matin, des membres du CNDP se sont emparés de Kibumba, localité située à seulement 35 km au nord de Goma, où la situation restait dans l'après-midi instable et tendue. La rébellion congolaise avait déjà pris dimanche un important camp militaire situé à environ 50 km de la ville. Près de 20.000 civils, dont de nombreuses femmes et enfants, ont fui lundi les combats, selon une estimation d'un journaliste de l'AFP. Par ailleurs, l'ONU a annoncé lundi la démission du général espagnol qui commande les 17.000 Casques bleus déployés dans le pays, deux mois après son entrée en fonction. Officiellement, le retrait du chef de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), est dû à des "raisons personnelles". De source diplomatique, on indique cependant que le général Diaz estime que la Monuc n'a pas les moyens de remplir sa tâche, notamment face à la détérioration de la situation dans l'est. A Kinshasa, l'annonce de la formation d'un nouveau gouvernement vise en premier lieu à rassurer la population. "C'est une équipe de combat à laquelle ont été assignées des missions essentielles de sécurité et de reconstruction", a indiqué l'ordonnance du président Kabila, lue à la Radio télévision nationale congolaise (RTNC). Mais le principal parti d'opposition, le Mouvement de libération du Congo (MLC), a aussitôt estimé que ce gouvernement "ne saura faire face aux défis à court terme comme la guerre dans l'est du pays". Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) du président Kabila - majoritaire dans l'Alliance de la majorité présidentielle (AMP) - se taille la part du lion dans cette équipe, en s'attribuant tous les postes liés à la sécurité, à la reconstruction et à l'économie. Le fils de l'ancien dictateur Mobutu Sese Seko, renversé en 1997, Nzanga Mobutu, reste numéro deux de cette équipe. Il devient l'un des trois vice-Premiers ministres. Les Affaires étrangères reviennent à Alexis Tambwe Muamba (indépendant et allié à l'AMP). Le Parti lumumbiste unifié (Palu) de l'ancien Premier ministre Antoine Gizenga continue de gérer les ministères des Mines et du Budget.