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Cherif Haidara: “Aller aux élections sans avoir satisfait certains préalables serait une erreur pour la Guinée”

Apr 29, 2009

M. Cherif Haidara, vice président de la communauté guinéenne de la zone métropolitaine de Washington, est l’un des principaux architectes du forum qui a rejeté le 26 avril dernier la feuille de route de la transition proposée par les forces vives du pays et acceptée par le CNDD. Dans cet entretien exclusif avec AfricaLog, M. Haidara, un fervent admirateur du CNDD et de son leader le capitaine Moussa Dadis Camara, explique pourquoi il soutient une transition prolongée en Guinée.

AfricaLog: M. Haidara quel était l’objectif du forum du 26 avril à Washington?

Cherif Haidara: L’objectif du forum était de réunir les guinéens, notamment les leaders d’opinions de notre communauté pour qu’ensemble nous puissions discuter des voies et moyens de notre contribution dans le processus devant aboutir à la prise des décisions importantes dans notre pays, à savoir le chronogramme, la revision de la constitution et même la formation du Conseil national de la transition.

AfricaLog: Quelles sont les conclusions de vos travaux?

Cherif Haidara: A l’issue des échanges fructueux que nous avons eus, la majorité des participants au forum s’est prononcée en faveur de la prolongation de la transition. Nous nous sommes entendus donc de nous retrouver en commission le 17 mai pour finaliser la déclaration commune qui sera connue sous le nom de “Déclaration de Washington”. Il s’agit là d’un document que nous allons proposer aux autorités lors du forum national sur la transition.

AfricaLog: Pourquoi estimez vous nécéssaire de prolonger la transition?

Cherif Haidara: Nous soutenons la prolongation de la transition parce que nous voulons que le travail que le CNDD s’est assigné arrive au bout. Nous voulons que le CNDD soit permis de finir les audits qu’ils ont engagé pour assainir les finances de l’Etat et éliminer les prédateurs de notre économie. Nous voulons que le CNDD nous aide à reviser la constitution et la mette à la disposition de tous les guinéens pour que tout un chacun ait son mot à dire. Je veux parler des guinéens de l’intérieur et de l’extérieur.

Je viens de passer 3 semaines en Guinée où j’ai eu l’opportunité de voir sur le terrain comment les choses évoluent. Je dois dire que les guinéens sont content pour le simple fait qu’il n’ya plus de détournement de deniers publics. Aujourd’hui, les guinéens ont peur de la chose publique.

Tout aussi important est de constater que la Guinée était devenue la plaque tournante pour le trafic de drogue en Afrique de l’ouest. Aujourd’hui, on ne parle plus de ce fléau qui mettait en danger l’avenir de notre pays . En plus, l’autorité de l’Etat est entrain d’être restaurée dans le pays. Après 50 ans, on est enfin entrain de voir la lumière au bout du tunnel grâce aux actions salvatrices du CNDD et de son président le capitaine Moussa Dadis Camara.

AfricaLog: Pourquoi dévier du chronogramme qui est déjà établi par les forces vives et accepté par le CNDD?

Cherif Haidara: J’étais à Conakry le 29 mars lorsque la jeunesse s’est réunie au stade du 28 septembre pour exprimer son désaccord par rapport à la feuille de route proposée par les forces vives. La jeunesse a estimé qu’elle n’a pas été associée dans l’élaboration de cette feuille de route. Donc, elle veut être entendue. Ceci est aussi l’avis de nous autres guinéens de l’extérieur.

AfricaLog: Certains observateurs voient en ces manifestations de soutien au CNDD une mascarade politique visant à fabriquer au pays un autre dictateur à l’image du général Lansana Conté. Que pensez-vous?

Cherif Haidara: Pas du tout. En fait, le président Dadis lui même a dit qu’il est impossible aujourd’hui pour un militaire de rester au pouvoir parce que la Guinée fait partie de cette grande famille de la communauté internationale qui a banni les coups d’Etat. Le pays se trouve aujourd’hui sous le coup des sanctions économiques à cause de ce qui s’est passé le 23 décembre. Ces sanctions pèsent beaucoup plus sur les populations que sur la classe gouvernante. Je ne pense pas que les militaires ont l’intention de s’éterniser au pouvoir.

AfricaLog: Si le capitaine Dadis se présente candidat à la présidence, comme il a menacé de le faire, allez vous le soutenir?

Cherif Haidara: Cette question ne se pose pas. Je suis convaincu qu’il ne se présentera pas. Il l’a dit et même ressassé. Je crois qu’ il faut vraiment le prendre au mot.

AfricaLog: A qui profiterait donc une transition prolongée?

Cherif Haidara: Nous avons près de 70 partis politiques qui se sont formés dans le pays depuis l’avènement du multipartisme. Ces partis n’ont pas encore eu l’opportunité de se faire connaitre au niveau des populations. Nous ne voulons pas voter pour Paul, Pierre ou Jean. Nous voulons voter pour des visionnaires, des gens qui ont un plan pour la Guinée. Nous voulons que les leaders qui opèrent maintenant sur le terrain nous expliquent leurs plans respectifs. A partir de là, nous pouvons choisir un candidat. Cela prend du temps. A mon avis, aller aux élections sans avoir satisfait certains préalables serait une erreur pour la Guinée. Le pays risquerait de manquer un autre rendez vous avec l’histoire.


Propos recuiellis par Alsény Ben Bangoura

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