M. Sidya Touré a été Premier ministre de (1996-1999). Homme d’affaires et président de l’Union des Forces Républicaines (l’UFR), il est considéré comme un candidat potentiel à la prochaine élection présidentielle.
AfricaLog: M. Touré que faut-il retenir de la première reunion entre les forces vives du pays et le CNDD?
Sydia Touré: Nous sommes partis à la reunion avec un document qui a été lu par Hadja Rabiatou Diallo et qui définissait les points sur lesquels les partis politiques et la société civile souhaitaient recueillir les avis du CNDD, à savoir la durée de la transition, le Conseil national de la transition, la levée des barrages routiers, l’interdiction des activités des partis politiques et certains organes qu’il fallait mettre en place.
AfricaLog: Pensez vous que ces points ont été satisfaits?
Sydia Touré: Oui puisque les deux questions essentielles, à savoir la transition et le Conseil national de la transition ont été entendues . Il appartient maintenant aux forces vives du pays de fixer les modalités de la transition. Une fois que ce travail est fini, nous retournerons pour discuter le contenu de notre travail avec le CNDD.
AfricaLog: Qu’est ce que le chef de la junte vous a dit à propos des autres points, à savoir la levée sur l’interdiction des activités des partis politiques et les barrages routiers?
Sydia Touré: Il nous a dit qu’il était complètement neutre par rapport à la question et qu’il souhaiterait que nous lui fassions des propositions sur les conditions de la levée. Il a donné ces explications par rapport à la securité et par rapport au désordre. Mais il nous a rassuré que le résultat de la concertation que nous avons commencé mardi sera adopté par le CNDD.
AfricaLog: Etes-vous confiant que le CNDD tiendra ses engagements de restituer le pouvoir aux civils?
Sydia Touré: Le CNDD est arrivé au pouvoir avec une liste, un certain nombre de choses qui sont entrain d’être faites. Notre souhait c’est d’avancer ensemble afin de trouver les voies et moyens pour bâtir cette 3è République guinéenne et que le CNDD puisse mettre à son crédit un jour d’avoir réformer l’Etat guinéen et d’avoir mis en place une constitution dont les guinéens sont fiers. Nous les voyons sur cette voie et nous les encourageons. Evidemment, il appartient à tous les guinéens de se battre pour que ces engagements soient respectés - Nous en tant que partis politiques et vous en tant que journalistes.
AfricaLog: Pourquoi pensez vous qu’il serait important de différer les législatives jusqu’au lendemain de la présidentielle?
Sydia Touré: A la différence des autres j’ai eu à gérer l’Etat. Je sais que la constitution guinéenne de 1958 est une constitution présidentielle. Il faut une majorité qualifiée au président de la République pour pouvoir mener les réformes dans un pays aussi en retard que la Guinée. Il faut éviter le dispersement au niveau de l’Assemblée. C’est ce qui a apporté les difficultés qu’on connait actuellement en Mauritanie, à savoir un Président de la République qui n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale et du coup est fragilisé. Donc je ne demande pas de différer. C’est mon point de vue que j’ai exposé. Cela ne veut pas dire qu’il faut le suivre. Mais je reste convaincu qu’une Assemblée nationale siégeant en même temps que le CNDD créerait un conflit qui ne pourra pas être géré en notre faveur. Il faut l’éviter.
AfricaLog: Etes-vous favorable à la création d’un poste de Premier ministre dans la future constitution?
Sydia Touré: Cela va de soit. C’est un poste que nous n’avons pas dans la constitution. Il faut créer ce titre cap de la constitution qui parle de gouvernement et du Premier ministre avec les différentes responsabilités
AfricaLog: Quelle est votre opinion sur les audits envisagés par le CNDD?
Sydia Touré: Les cadres que j’ai vu à la tête des audits semblent être des cadres compêtents qui ont une formation financière suffisante et qui ont travaillé dans des cabinets d’audits au niveau international. En Guinée les finances publiques sont en quasi faillites. Il est naturel d’expliquer ce qui s’est passé. Et lorsqu’un gouvernement d’exception de ce genre arrive au pouvoir, l’une des rares choses qu’il peut faire pour que la population lui fasse confiance, c’est commencer à récupérer les créances de l’Etat pour dire voilà ce qui nous a été volé, et voilà ce que nous avons récupéré. Notre souhait est que cela se passe dans la transparence avec des spécialistes en la matière.
AfricaLog: Quelles sont les périodes de gestion visées par ces audits?
Sydia Touré: Nous n’avons pas été informés, donc je ne sais pas.
AfricaLog: Alors quelles sont, à votre avis, les périodes qui peuvent ou doivent être visées par ces audits?
Sydia Touré: Ils sont libres de couvrir les périodes qu’ils estiment nécéssaires. Ils peuvent même partir des dix dernières années. Je ne trouve personnellement pas d’inconvenient.
AfricaLog: Pourquoi voulez vous de Mgr. Robert Sarah à la présidence du CNT?
Sydia Touré: C’est une suggestion personnelle qui n’engage que moi. Je pense que le Conseil national de la transition est un organe extrèmement important qui va discuter sur les nouvelles institutions républicaines. Il faudrait une personalité neutre, respectée de tous nos compatriotes et qui de par son expérience de la vie publique ici a laissé le souvenir d’un Monsieur honnête, engagé. Pour moi donc, Mgr Robert Sarah est cette personne.
AfricaLog: Comment se porte l’UFR?
Sydia Touré: L’Union des forces républicaine se porte très bien et est en train de s’agrandir. Chaque semaine nous enrégistrons des dizaines d’adhésions au siège du parti à Matam. La disparition du PUP nous a été extrèmement favorable.
Propos recueillis par Alsény Ben Bangoura