Par Mohamed Condé
A mon humble avis il n’y a pas d’ethnie victime en guinée. Pour moi, victime dans ce contexte précis suppose faible et vulnérable à la merci du plus fort ou du plus influent. Pour faire des victimes il faut être fort de quelque chose ou avoir une influence quelconque et voir une opportunité telle que vulnérabilité ou faiblesse pour s’imposer. Or, en Guinée, je ne connais pas une ethnie qui puisse être faible ou vulnérable et je ne connais pas non plus une ethnie plus forte que les autres. Pour moi toutes ces théories sont créées par les politiciens comme part de leurs stratégies dans le combat politique.
Cependant, il est illusoire et même aberrant de penser qu’aujourd’hui tout va à merveille entre les ethnies en Guinée en dépit du fait qu’il y a une relative paix fondée sur de vives tensions ethniques.
En Guinée nul n’ignore l’instrumentalisation de l’ethnie dans la bataille politique. Les tensions ethniques sont le fait de tous les leaders politiques ; ils sont tous coupables, tous tant qu’ils sont et sans exception. Lansana Kouyate a eu l’honnêteté de le dire dans le discours qu’il a adressé à ses militants lors de son récent voyage aux Etats Unis. <
Les questions d’ethnie et de religion sont des questions très sensibles ; les troubles et les instabilités qui secouent l’Afrique toute entière aujourd’hui sont à l’origine des conflits ethniques ou religieux. Les exemples ruandais, libériens, sierra léonais et ivoiriens sont éloquents. Il arrive des moments où des politiciens sont prêts à sacrifier toute une nation pour pouvoir réaliser leurs rêves et leurs ambitions égoïstes sans aucune considération des coûts et des prix à payer.
Comme aimait à dire Felix Houphouët Boigny : la paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement. Tant que les leaders politiques ne sont pas sincères dans leurs discours et tant qu’ils n’ont pas la paix dans leur comportement, ce sera difficile de bâtir une nation guinéenne dans l’unité en dépit des efforts déployés par les uns et les autres en faveur de la réconciliation et de l’unité nationale.
Les militants n’ont pour idole que leur leaders, ils l’écoutent, ils le chérissent ; une volonté sincèrement affirmée d’un leader est un ordre pour les militants qu’ils acceptent volontiers. Donc si les leaders veulent réconcilier et unir les guinéens, c’est chose vite faite. Mais à cause des ambitions personnelles égoïstes et avec orgueil inutile aidant les leaders politiques continuent à prendre en otage toute la nation guinéenne. Deux phénomènes favorisent cet état de fait : le taux enlevé d’analphabétisme et une maturité politique à l’état primaire.
Sous l’emprise de l’analphabétisme et de la maturité politique à l’état primaire, bon nombre de guinéens font une mauvaise lecture de la politique et par conséquent comprennent très mal la politique. Ces guinéens ne comprennent pas malheureusement que l’ethnie ne doit pas être un facteur de considération dans le choix d’un leader politique ou d’un candidat politique. L’ethnie est inutile dans le choix d’un leader politique ou d’un candidat, ce qui compte est le programme du parti, le Project de société.
Malheureusement avec une capacité limitée de comprendre certain détail bon nombre de guinéens se fient simplement à l’ethnie sur laquelle ils basent leur choix. C’est ce terreau fertile que certains leaders politiques sans Project de société conséquent sont heureux d’utiliser pour aligner les militants derrière leur idéologie.
Pour bâtir une nation dans l’unité et prévenir les fissures du tissu social il est important et même impératif que les guinéens comprennent que l’ethnie quoiqu’ importante, quoiqu’un motif de fierté n’a pas sa place dans la bataille politique qui n’est autre qu’un débat d’idées et d’opinions et non pas des affrontements sauvages et encore moins des adversités animales. Cet enseignement civique est un préalable incontournable.
Mohamed Condé
Dallas, Texas - USA