Gabon: "Si Ali Ben Bongo passe, on brûle tout†| Alog News | www.africalog.com
home

Gabon: "Si Ali Ben Bongo passe, on brûle toutâ€

Aug 31, 2009

"Si Ali passe?", crie un meneur. "On gaspille (casse)!", répondent en choeur des Gabonais dans le quartier populaire de Nkembo (est de Libreville), où plusieurs centaines d'électeurs attendaient de voter dimanche après-midi pour la présidentielle.

A l'école Saint-Michel de Nkembo, la tension est palpable. "Si Ali Ben (Bongo) passe, on brûle tout. Vous ne trouverez pas dix électeurs d'Ali ici. C'est impossible qu'il gagne!", précise un jeune, Tony Rapariga, en référence au fils du défunt président Omar Bongo Ondimba.

"Quand le peuple dit non, c'est non! Nous vivons mal. S'ils annoncent la victoire d'Ali, Libreville est en sang à 20H00! On est prêt à se battre, à mourir s'il le faut", ajoute David Zieng Ollomo, agent commercial, 34 ans.

Dans un bureau de vote, des cris fusent. Des électeurs reprochent au président du bureau, Pierre Zomo, de ne pas avoir fait signer les bulletins, comme le demande la Commission électorale.

Dans la foule entrée en force dans le bureau, un homme s'empare de l'urne en plastique, la soulève en criant: "Ca vaut rien!".

Un jeune menace le président: "Tu fais ça aux Gabonais. Je vais te brûler, je vais te tuer. Je suis prêt à tout!".

Plus calme, un électeur, Tobi Ndonguema, explique à l'AFP qu'avec des bulletins non signés, "ils peuvent changer les urnes. On aura voté pour rien".

Interrogé par l'AFP sur ces absences de signatures, le président du bureau reste muet. Grâce au représentant d'un candidat, un accord est trouvé: tous les nouveaux bulletins seront signés et au dépouillement, le président et les assesseurs signeront ceux qui ne le sont pas.

Dehors, la foule s'agite. Un homme, T-shirt vert, encadré par des policiers, prend des coups de toutes parts. On l'accuse d'être "Ghanéen" ou "Nigérian comme Ali", selon une rumeur tenace malgré les démentis de Bongo fils lui-même.

Les cartes d'électeurs et d'identité gabonaises de l'homme molesté mentionnent qu'il s'appelle Paul Osei Bonsu, né à Kumasi (Ghana). Faux documents, selon la foule et un policier. L'AFP n'a pu vérifier si cette personne avait légalement le droit de voter. On lui jette des pierres.

"Il faut le brûler!", "On va le tuer!", "A mort!", entend-on.

Les policiers donnent des coups pour se dégager, font barrière de leur corps pour protéger l'homme, blessé au crâne.

"Nous, on souffre. Des Gabonais n'arrivent pas à voter et lui il vient pour voter alors qu'il n'est pas Gabonais. Il faut la justice populaire. Comme ça, les autres vont voir et ne recommenceront pas", martèle Marius Trésor Obiang, 24 ans.

A Kinguélé, un quartier voisin, plusieurs centaines de personnes font la queue depuis la matinée. L'école est occupée par une unité d'élite de l'armée, disposant notamment d'un fusil mitrailleur.

"On vote sous la pression des armes. C'est de l'intimidation", estime Dieudonné Moubamba pour qui "même en ordre dispersé, l'opposition doit l'emporter" face à Ali Bongo.

"Il y aura du désordre si Ali est élu. Ici, il y a des coupures d'eau, d'életricité tout le temps. (...) Ce n'est plus possible. On ne veut plus du PDG (Parti démocratique gabonais, au pouvoir). Le Gabon ce n'est une monarchie", soutient François Bouyou, ouvrier.

Dans le centre de vote, Esaie-Nicaise Mouity exhibe une feuille de la liste électorale, où son nom apparaît deux fois: "Je suis inscrit deux fois. Vous trouvez ça normal?".

Le fichier électoral -plus de 813.000 inscrits- est jugé démesurément élevé par l'opposition. Un avis que semble partager Jacques, chômeur, qui ironise sur "le nombre de fantômes qui votent". - AFP

Liens Sponsorisés