Les militaires qui ont pris le pouvoir en Guinée fin décembre, au lendemain de la mort du président Lansana Conté, ont demandé samedi à l'administration "d'organiser des élections" au "dernier trimestre 2009", sans préciser le type de scrutin.
La junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara a fait lire un communiqué à la radio et télévision d'Etat, comme elle le fait régulièrement pour annoncer ses décisions. "Le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte) engage le ministre de l'Administration du territoire et des Affaire politiques et le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à respecter les engagements pris devant le peuple de Guinée et la communauté internationale d'organiser des élections libres, transparentes et crédibles pendant le dernier trimestre 2009", selon ce communiqué. Au lendemain de leur putsch, les militaires avaient d'abord promis d'"organiser des élections libres fin décembre 2010", mais les partis et les organisations internationales avaient jugé ce délai beaucoup trop long. Puis la junte s'était engagée auprès de l'Union africaine (UA), fin janvier, à organiser "en 2009" des élections auxquelles ses membres ne participeraient pas. Dans son texte, la junte demande à l'administration "de poursuivre le recensement des électeurs en vue de l'établissement d'un fichier électoral fiable dans les plus brefs délais". Samedi, les représentants des partis politiques, des syndicats et de la société civile ont tenu leur première réunion commune depuis le putsch, à la Bourse du travail de Conakry, a constaté un correspondant de l'AFP. Ils ont harmonisé leurs positions avant une rencontre avec le chef de la junte prévue lundi. Les participants demandent la levée immédiate de l'interdiction des activités des syndicats et des partis politiques imposée par les militaires peu après leur prise du pouvoir. Ils réclament également la mise en place d'un conseil national de la transition "dans les meilleurs délais, avec toutes les composantes de la Nation", et la publication d'un calendrier pour le processus électoral. "Les partis politiques et les syndicats ont trouvé un consensus pour que la durée de transition ne dépasse pas un an (...), donc toutes les élections (législatives et présidentielle, ndlr) doivent être organisées dans cette période-là ", a insisté Alpha Condé, président du Rassemblement du peuple de Guinée et opposant historique au régime de Lansana Conté, interrogé par l'AFP. Le général Conté, dont le "règne" très contesté a duré 24 ans (1984-2008), est mort le 22 décembre. Le lendemain, le capitaine Camara a annoncé la prise du pouvoir par des éléments de l'armée, en dénonçant "la corruption généralisée" et "l'impunité érigée en méthode de gouvernement". - AFP