La porte de la candidature de Moussa Dadis Camara qui était simplement entrebâillée, a fini par s’ouvrir tout à fait. Le bouillant chef de la junte militaire qui gère les affaires de la République de Guinée depuis le décès, en décembre 2008, du président Lansana Conté, a décidé de briguer la magistrature.
Il sera donc bel et bien dans les starting-blocks pour la compétition présidentielle, prévue pour le 31 janvier 2010...Il s’agit, en réalité, d’une confirmation, qui ne surprend plus personne. Depuis qu’il s’est mis à parler, en paraboles facilement décryptables, de sa candidature à la prochaine élection présidentielle de Guinée, qui serait « entre les mains de Dieu », tout le monde était convaincu que Moussa Dadis Camara ne lâcherait plus le morceau. Enfin, le mouvement « Moussa Dadis doit rester » n’était que la savante orchestration d’une entrée en scène huilée de longue date, sur le théâtre des positionnements préélectoraux. Et voilà que, profitant du séjour récent à Conakry d’une délégation du Groupe de contact international sur la Guinée (GCIG), le président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) tombe le masque ! A la vérité, c’est le contraire qui aurait été étonnant. Et on voit mal la communauté internationale opposer quelque argument significatif à ce retournement de situation. En piétinant allègrement la parole qu’il a donnée, au début de son aventure politique à la tête de la Guinée, de quitter les choses du pouvoir au terme d’une transition intelligente et consensuelle, acceptée par tous, Dadis Camara ne fait que s’inscrire dans l’air du temps. Du reste, il a déjà pris l’actualité politique récente du continent à témoin pour s’auto-investir du droit de briguer la magistrature ou non. Entre la sublime transmutation de putschistes, sortis subitement des urnes avec une sainte odeur de démocrates, et des tenants du pouvoir qui tripatouillent les lois fondamentales de leurs pays pour changer, envers et contre tous, de République, la gamme est infinie des scénarii qui mènent au fauteuil présidentiel et/ou qui y maintiennent. Il faut croire que même s’il avait jamais été sincère quant à sa volonté de partir dès après la transition, le capitaine Moussa Dadis Camara aura décidément très vite appris ses leçons de choses politiques. Il n’avait, en effet, que l’embarras du choix des écoles et on se demande bien si la classe politique guinéenne, tout sucre et tout miel vis-à -vis de ce président si atypique au début de l’odyssée de Noël 2008, continuera d’aduler l’homme qui ne veut plus partir. On peut également se demander comment le président Wade, principal mentor du jeune capitaine, qui a plaidé, sur tous les toits et sur tous les tons, sa foi en la parole de son filleul, prend à présent cette volte-face pourtant prévisible. Evidemment, de l’annonce de la candidature à sa formalisation concrète, puis à une éventuelle élection en bonne et due forme, il y a encore du chemin. Et il faut bien observer qu’un autre mouvement, baptisé, lui, « Moussa Dadis doit partir », répond en écho à ceux chantent que seul le capitaine est capable de diriger la Guinée. Mais où mèneront finalement toutes ces répliques contradictoires, qui opposent – et, sans doute, opposeront encore longtemps - le peuple de Guinée, à travers marches et contre-marches, manifestations et anti-manifestations ? Qu’adviendra-t-il alors si cette candidature, qui n’enchante visiblement pas les Guinéens, venait à être remise en cause, d’une manière ou d’une autre ? – LeFaso.net