Trois jours après avoir annoncé la "destitution" de Laurent Nkunda, les partisans du chef d'état-major de la rébellion congolaise ont de nouveau appelé Nkunda à "accepter" son limogeage, confirmant leur tentative de prendre le pouvoir au sein du mouvement rebelle.
"Nous invitons Laurent Nkunda à accepter sa destitution et à coopérer avec le nouveau leadership" du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), a déclaré à l'AFP Désiré Kamanzi, porte-parole du général Bosco Ntaganda. Le général Ntaganda, chef d'état-major du mouvement rebelle, avait annoncé lundi dans un communiqué avoir démis de ses fonctions M. Nkunda pour notamment "mauvais leadership". Cette annonce, apparemment sans effet sur le terrain, avait été démentie par le camp Nkunda qui assurent que les instances dirigeantes du mouvement restent inchangées et tentaient depuis lors de "résoudre le problème" par la négociation. "Bosco Ntaganda a pris les choses en main et gère les affaires du CNDP. Il dirige maintenant le comité de crise qui va décider de l'avenir du mouvement", a réaffirmé jeudi M. Kamanzi. "Tout ce qui vient maintenant de la bouche du président déchu n'a aucune raison d'être. Il continue à tromper les médias (. . . ) dans un nouvel exemple de ce manque de crédibilité qui a fait que nous avons dû le remplacer", a affirmé le porte-parole. Autre signe de la gravité de la crise à la direction rebelle, le camp Ntaganda "ne reconnaît" pas la légitimité de la délégation du CNDP qui a repris mercredi à Nairobi des négociations directes avec le gouvernement congolais. Cette délégation "ne nous représente pas et a été nommée par Nkunda après son limogeage", a commenté à ce propos M. Kamanzi. "Le haut commandement militaire et les autres organes habilités vont siéger (sous l'autorité de Ntaganda) pour décider du futur leadership", selon ce porte-parole, qui a démenti la participation éventuelle du chef d'état-major à une réunion des instances dirigeantes du CNDP organisée par les partisans de Nkunda. Les deux camps sont pour l'instant localisés en deux régions distinctes des territoires sous contrôle rebelle au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC. Nkunda et ses partisans sont basés dans le territoire de Rutshuru, à environ 60 km au nord de la capitale provinciale Goma. Ntaganda et ses hommes évoluent dans leurs fiefs du territoire du Masisi, région de montagnes verdoyantes à l'ouest de Goma, plus particulièrement entre les localités de Kabati, Mushaki et Kingi. Le général Ntaganda ne serait entouré que d'une centaine d'hommes de sa garde personnelle, sans officier, affirment les partisans de Nkunda. Plusieurs importants commandants militaires du CNDP semblent cependant avoir pris son parti et se trouvaient mercredi aux côtés du chef d'état-major, comme les colonels Eric Rurimbere et Innocent Kabundi. Aucun incident ou affrontement entre factions rebelles n'a été jusqu'a présent observé, selon le porte-parole militaire de la Mission de l'Onu en RDC. "Nous n'avons pas voulu choisir l'option de la violence (contre Nkunda), du fait du respect que nous lui devons", a commenté à ce propos M. Kamanzi. "Mais la situation aujourd'hui montre une nouvelle fois qu'il n'est plus l'homme qu'il faut". Ses propos interviennent malgré la volonté affichée par le camp Nkunda de "privilégier le dialogue" et trouver un "modus-vivendi" pour calmer le mécontentement de Ntaganda. Surnommé "Terminator", ce dernier est souvent présenté comme l'un des meneurs de l'aile dure de la rébellion. Il est recherché par la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis un mandat contre lui pour des enrôlements d'enfants dans le district d'Ituri (nord-est) en 2002-2003. Les motifs réels de sa révolte restent à ce jour inconnus, mais seraient liés "à des motifs personnels", selon un responsable politique du mouvement. - AFP