Un riche dentiste américain a déclenché une polémique sur les pratiques des amateurs de chasse en Afrique, en s'offrant la tête de "Cecil", lion star du plus grand parc zimbabwéen. Mercredi, la justice de ce pays a inculpé un organisateur de safari.
Mis en examen pour ne "pas avoir empêché une chasse illégale", l'organisateur de safari a été libéré contre une caution de 1000 dollars, dans l'attente de son procès le 5 août. La juge lui a cependant exigé qu'il remette son passeport aux autorités.
L'autre accusé, propriétaire de la ferme où la dépouille de l'animal a été retrouvée, comparaîtra jeudi devant le même tribunal de Hwange. La police avait au départ retenu l'accusation de "braconnage" contre les deux hommes.
Grand absent de cette audience: le chasseur américain. Celui-ci avait quitté le Zimbabwe bien avant que le scandale n'éclate il y a quelques jours.
Selon une source proche du dossier, il n'a passé qu'une semaine dans le pays début juillet. C'est après son départ que les autorités du parc et défenseurs de la nature ont alerté sur la mort du lion, remarquable pour sa crinière noire, commune au lion d'Abyssinie endémique en Ethiopie mais rare en Afrique australe.
Chouchou des dizaines de milliers d'amateurs de safari-photo qui visitent Hwange chaque année, "Cecil", âgé de 13 ans, était le mâle dominant du parc où il était né.
Selon l'ONG ZCTF, le lion aurait été attiré hors du parc avant d'être chassé grâce à une carcasse attachée à un véhicule. L'Américain aurait ensuite tiré sur "Cecil" à l'aide d'un arc, le blessant sans le tuer, avant de l'achever d'un coup de fusil après quarante heures de traque. Il aurait offert 50'000 dollars à son intermédiaire.
Le chasseur américain a reconnu sa participation à l'expédition mais n'a pas encore donné sa version précise des faits. Interrogé, un ami du chasseur a défendu la thèse d'un accident. C'est "un grand professionnel, un gentleman et un protecteur de la nature au-dessus de tout soupçon, qui élève notamment des buffles, des antilopes", a-t-il dit.
Mardi, le chasseur américain s'est exprimé. "Je regrette profondément que la poursuite d'une activité que j'aime et que je pratique avec responsabilité et dans la légalité se soit traduite par la mort de ce lion", a-t-il dit.
Il a déclaré avoir fait "confiance à l'expertise des guides locaux professionnels afin de chasser dans un cadre légal". Insistant également sur sa bonne foi, il a affirmé ne pas avoir été contacté par les autorités zimbabwéennes ou américaines.
L'homme, qui aurait reconnu en 2008 avoir braconné un ours noir dans le Wisconsin, a ajouté qu'il ignorait tout de la réputation du lion. Ses comptes Twitter et Facebook professionnels ont été fermés mardi après-midi après avoir été submergés d'attaques virulentes.
Le riche dentiste du Minnesota est connu dans le milieu des chasseurs américains pour sa pratique de la chasse à l'arc, présentée comme plus loyale et plus respectueuse de la nature. L'Afrique australe, célèbre pour ses immenses réserves animalières riches en félins, éléphants et autres rhinocéros, attire des chasseurs du monde entier.
Parfaitement légaux, dès lors que le chasseur paie son permis, ces safaris de grande chasse sont une source importante de revenus dans la région. Ils font régulièrement polémique.
Au Zimbabwe, la chasse n'est autorisée que dans les réserves privées et sous respect de certains quotas, mais pas dans les parcs nationaux comme Hwange. Ce dernier a accueilli 50'000 visiteurs, dont 23'000 étrangers, l'an dernier. – AfricaLog avec agence