La campagne électorale pour le scrutin présidentiel du 4 mars 2010 bat son plein au Togo. Le président sortant, Faure Gnassingbé, la mène à l’américaine en hélicoptère, avec une escouade de porte-paroles. Alors que les autres présidentiables exceptés Jean Pierre Fabre et Me Yawovi Agboyibo, font une campagne modeste. Demain 2 mars 2010 à 0 heure, marquera la fin de la campagne électorale pour la présidentielle togolaise. Depuis pratiquement deux semaines donc, les 7 candidats sont allés à la pêche aux voix avec des résultats mitigés, même s’il faut attendre les résultats pour se prononcer sur l’efficacité de cette chasse aux électeurs.
Comme partout en Afrique en pareil cas, le candidat-président émerge du lot. Et le Togo n’a pas dérogé à cette règle quasi immuable sous les Tropiques. Va-t-on confirmer également cette autre loi politique qui veut qu’un chef d’Etat sortant organise toujours des élections pour les gagner ? En attendant, c’est un candidat du RPT Faure Gnassingbé, même s’il a été adoubé le 12 janvier par procuration, qui sillonne le pays en hélicoptère. Ces derniers jours il s’est rendu à Agbélouvé, Tabligbo, Davié et Gapé au centre du Togo où, comme à son habitude, il a axé son discours de campagne sur la réconciliation des Togolais divisés par un système qui a écrasé le Togo pendant 40 ans.
Candidat mais également toujours président en exercice, donc garant de la sécurité du pays, il n’a pas manqué d’appeler ses compatriotes à voter dans le calme et la paix tout en mettant en garde ceux qui ont fait de la violence leur thème de campagne : « Je ne permettrai pas qu’une goutte de sang soit versée ou qu’une vie soit perdue, même au nom de l’alternance ». Un avertissement à l’endroit de ceux qui ont pour slogan « l’alternance ou la mort », tel le Mouvement citoyen pour l’Alternance (MCA) créé le 17 octobre 2008 pour pallier « les insuffisances de l’opposition qui n’a pas de stratégie de défense de sa victoire », selon un de ses responsables Fulbert Atisso.
Jean-Pierre Fabre, président de l’UFC, qui a reçu enfin la bénédiction de son mentor Gilchrist Olympio le 15 février 2010, essaie de ratisser large. D’emblée il peut compter sur la région du Sud notamment Lomé la capitale, fief naturel de l’opposition et en particulier de l’Union des forces du changement (UFC). Sans oublier que des partis et mouvements comme Sursaut-Togo de Koffi Yamgnane regroupés au sein du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC) tentent de convaincre les Togolais de faire chorus le 4 mars derrière le candidat Fabre.
Ainsi le « Obama togolais » comme l’appellent ses partisans, était récemment à Badou dans la région du Plateau où il a mis l’accent dans son mot de campagne sur l’incapacité du pouvoir en place à combler les attentes des Togolais : « Ce mandat de Faure sera un mandat de trop », a-t-il affirmé dans cette localité. Mieux, comme il l’a laissé entendre, « nous avons été dans des zones réputées favorables au régime mais ce que nous avons vu comme mobilisation prouve le contraire » ; comme pour dire qu’en politique il n’y a pas de citadelle inexpugnable.
A Tchégué où était ces derniers jours Agbéyomé Kodjo, le patron de l’Organisation bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS), le discours était aussi aux philippiques contre le pouvoir du président-sortant : « Là où Faure offre des coupe-coupes nous offrirons des tracteurs aux populations », a martelé le candidat Kodjo. Le porte-étendard du Comité d’action pour renouveau (CAR), Me Yawovi Agboyibo, entre meeting-prière et rencontre-échange, tente aussi de convaincre que la « méthode du CAR, maintes fois éprouvée lors de graves crises au Togo », est la meilleure pour sortir le Togo du marasme économique et politique. Pour lui, seul si les Togolais lui font confiance, le pays retrouvera son lustre d’antan.
D’autres candidats tels Brigitte Adjamogbé Johnson de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), Bassabi Kagbara du Parti démocratique panafricain (PDP) et autre Nicolas Lawson du Parti du républicain et du renouveau (PRR) sont aussi en état de veille. De même que la Force de sécurité de l’élection présidentielle (FOSEP), car ce scrutin est à haut risque. – L’observateur Paalga