L'Afrique, continent le plus vulnérable au réchauffement climatique mondial, a exigé dimanche des "réparations et dédommagements", deux mois avant le sommet sur le climat de Copenhague, demandant que les pays industrialisés "pollueurs" soient les "payeurs".
Ces "exigences" du continent le moins pollueur mais le plus pauvre du monde interviennent au moment où les négociations internationales sont très laborieuses, voire "dangereusement proches d'une impasse", comme l'affirme le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. "Pour la première fois, l'Afrique aura une position commune" au sommet de Copenhague, s'est félicité le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping lors de la 7e édition du Forum mondial pour le développement durable consacré aux changements climatiques. "On a décidé de parler d'une seule et même voix" et d'"exiger des réparations et des dédommagements", a-t-il ajouté à Ouagadougou, sans toutefois avancer de montant. Le président du comité d'organisation du Forum, le ministre burkinabè de l'Environnement Salifou Sawadogo, avait estimé vendredi à l'AFP à 65 milliards de dollars (44 milliards d'euros) les financements nécessaires pour que le continent puisse faire face aux dérèglements du climat. "Les responsables doivent s'engager à réduire leur émission de gaz à effet de serre et à répondre aux principes du +pollueur-payeur+", a assuré M. Ping, préconisant la mise en place de "nouveaux fonds internationaux pour soutenir les pays pauvres". Il a pris l'exemple de l'Etat du Texas (Etats-Unis) qui, "avec trente millions d'habitants relâche à lui seul autant de CO2 que le milliard d'Africains réunis". Mais il n'a pas cité la Chine, l'autre grand pollueur de la planète. Tout en soulignant la "responsabilité historique des pays développés", il a indiqué que les pays africains "se proposent d'intégrer le changement climatique dans le développement économique", sans toutefois avancer des engagements fermes et initiatives concrètes. Marginalisée dans l'économie mondiale, l'Afrique l'est également sur le marché carbone, qui consiste à financer une action "verte" dans un pays du Sud pour "racheter" une pollution au Nord. Selon le responsable de l'UA, sur 1.600 projets dans le monde, seuls 30 sont africains, dont 15 en Afrique du Sud, première puissance économique du continent. Comme l'a souligné le président burkinabè, Blaise Compaoré, "les difficultés majeures à surmonter sont celles liées à l'inexistence de mécanismes efficaces de financement et de transfert". Il envisage donc "dès 2010" de convoquer des "assises financières africaines" à ce sujet. L'ex-président français Jacques Chirac s'est "résolument" prononcé "contre l'idée d'une compensation globale où l'Afrique serait dédommagée pour ne plus toucher à ses forêts, pour geler sa consommation d'éngergie et renoncer à son industrialisation". Six présidents africains (Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Congo, Mali et Togo), ont assisté au forum, la dernière réunion continentale au niveau des chef d'Etat avant le sommet de Copenhague. Une quinzaine avait été initialement annoncée. "La seule position commune de l'Afrique, c'est de demander de l'argent au Nord", estime un peu amer un expert occidental sous couvert de l'anonymat. Mais, avant d'ouvrir les mannes financières en pleine crise économique mondiale, "le Nord leur répond: +montrez-nous d'abord vos projets". - AFP