Victoire serrée, mais victoire tout de même pour Barack Obama. La réforme du système de santé, projet majeur de sa présidence dont il est venu plaider la cause en personne au Capitole, a été adoptée à une majorité de quelques voix seulement à la Chambre des représentants des Etats-Unis. Le projet doit maintenant passer devant le Sénat.
Malgré la défection d'une quarantaine de voix dans le camp démocrate, ce vote, intervenu samedi après 23h heure locale (dimanche 3h GMT) après une ultime séance marathon, constitue déjà une victoire pour le président Obama, qui en a fait un texte pivot de sa mandature. Les Républicains lui ont opposé un front presque uni, à une exception près. Dans un communiqué, le président Obama a salué le vote de la Chambre des représentants et a immédiatement mis la pression sur le Sénat pour qu'il en fasse de même dans les semaines à venir. "Le Sénat des Etats-Unis doit maintenant en faire autant et adopter sa propre version du projet de loi. J'ai absolument confiance qu'il le fera", a déclaré le chef de la Maison Blanche. "J'ai hâte de promulguer cette loi d'ici la fin de l'année." Le vote a été serré: 220 voix pour, 215 contre. "Le projet de loi est adopté", a lancé la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, visiblement satisfaite et soulagée de ce passage réussi, après des mois de tractations parlementaires et de lobbying de la Maison Blanche. Pas moins de 39 voix démocrates ont manqué à l'appel, alors qu'une seule voix républicaine est venue soutenir la réforme, celle du représentant nouvellement élu de Louisiane, Joseph Cao, dont une grande partie de la circonscription est favorable à la réforme. Le feu vert de la chambre basse va permettre au Sénat d'ouvrir à son tour le débat. Mais les discussions s'annoncent encore plus délicates à la chambre haute du Congrès où l'adoption nécessite une majorité de 60 voix sur 100. D'autant qu'un certain nombre de sénateurs démocrates classés au centre ont déjà exprimé des réserves. Une Nancy Pelosi triomphante a comparé ce texte phare au tournant historique qu'a constitué l'introduction de la Sécurité sociale en 1935 et celle de Medicare pour les personnes âgées 30 ans plus tard. Le texte va permettre d'étendre la protection à quelque 36 millions d'Américains jusqu'ici sans couverture sociale et de couvrir au total 96% de la population, a précisé la "speaker" de la Chambre. "Il offre à tous, quels que soient ses revenus ou sa fortune, la tranquillité d'esprit dont ils ont besoin", a souligné pour sa part le représentant du Michigan John Dingell, âgé de 83 ans, qui avait présenté l'assurance santé, année après année, à l'assemblée depuis sa première élection en 1955. Le texte adopté prévoit d'obliger les grandes entreprises à assurer leurs employés et nécessitera que davantage de personnes soient assurées. Pour ceux qui ne peuvent pas se le permettre, le gouvernement fournira des subventions. Les entreprises qui n'appliqueraient pas la nouvelle mesure risquent des pénalités. Les refus de dossiers par les assurances privées sont également bannis, et les personnes présentant un risque particulier ne devraient plus payer de cotisations exagérées. Dans le vote final, les conservateurs des deux partis ont joint leurs voix pour faire adopter un amendement qui interdira la prise en charge des avortements dans le cadre des assurances d'Etat proposé aux particuliers et aux petits groupes, sauf en cas de viol, inceste et risque pour la vie de la mère. Les Républicains, minoritaires à la Chambre et opposés dans leur quasi-totalité à cette réforme dont le coût est évalué à 1.200 milliards de dollars (808 milliards d'euros) sur 10 ans, ont exprimé pendant des heures de débat leurs objections à ce projet de près de 2.000 pages. Les Etats-Unis sont le seul pays développé au monde qui ne dispose pas d'un système complet et généralisé de couverture santé. - AP