Par Chofor Che
Huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été définis en 2000 quand un certain nombre d’agences des Nations Unies (ONU) s’étaient réunies à leur quartier général de New York. Ces agences de l’ONU promirent que d’ici à 2015, elles auraient réduit la pauvreté et la faim dans le monde de moitié, se seraient battues contre le changement climatique et les maladies, auraient résolu le problème du manque d’eau potable et accru les droits des femmes et des filles en matière d’éducation. Ce n’était pas la première fois que les dirigeants mondiaux faisaient de telles promesses grandioses.
La voix de nombreuses critiques, en particulier en Afrique, s’était élevée,
avec un fond de cynisme, arguant que de telles promesses étaient très
ambitieuses et en définitive vouées à être abandonnées. Tout de même, si
beaucoup reste à faire, certains optimistes font valoir que ces objectifs
ont aidé à affiner les objectifs de la politique publique des États, en
particulier dans le monde en développement. Selon Ban Ki-moon, Secrétaire
général des Nations Unies, 600 millions de personnes ont été sorties de la
pauvreté. Des petites filles et des femmes du monde entier ont bénéficié de
l’enseignement primaire. Il y a eu une baisse de la mortalité infantile et
de la délinquance juvénile. Les investissements injectés dans la lutte
contre le paludisme, la tuberculose et le sida ont contribué à sauver des
vies.
En dépit des opinions défendues par le secrétaire général, il parait clair
que les OMD étaient très ambitieux. Tel est notamment le cas au Cameroun, où
le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a déjà entamé un
partenariat avec les organisations non gouvernementales (ONG) pour un agenda
post-OMD.
Plusieurs raisons expliquent la lente réalisation des OMD. Une des
principales raisons pour lesquelles ces objectifs ne pourront être réalisés
en un temps record vient de l’aide financière non coordonnée, en particulier
aux États en Afrique. Une grande partie de l’aide financière, envoyée aux
administrations centrales par les agences de l’ONU, a été par ailleurs
détournée par des fonctionnaires corrompus. Une partie de cet argent a été
placé sur des comptes bancaires en Suisse en particulier. L’ONU est bien
consciente de ces opérations malveillantes, mais très peu a été fait pour
s’assurer que l’aide financière destinée aux pauvres et aux miséreux du
monde soit utilisée à bon escient.
Une autre raison majeure pour laquelle les OMD ne pourront être réalisés en
un temps record est que la plupart des agences de l’ONU préfèrent opérer
avec les administrations centrales plutôt que de s’adresser aux partenaires
de développement comme des groupes de la société civile et des ONG. Il est
vrai que la société civile et les ONG ne sont pas aussi organisés. Malgré ce
fait, la plupart de ces groupes de la société civile et ONG sont en mesure
de canaliser les fonds judicieusement vers les communautés dans le besoin.
Le PNUD au Cameroun semble avoir compris que travailler uniquement avec les
gouvernements ne peut résoudre le casse-tête des OMD - raison pour laquelle
il y existe désormais une grande implication des organisations de la société
civile et des ONG à travers tout le territoire national.
Si certaines préoccupations tourmentent la communauté du développement au
sujet de la réalisation des OMD d’ici 2015, il est aussi vital de remédier à
certains torts commis dans le passé par le système des Nations Unies. Si la
priorité est donnée par le système des Nations Unies aux créations d’emplois
et aux véritables privatisations (pas entre « copains », mais dans la
transparence et l’état de droit) sans coercition étatique, plutôt qu’à
l’aide financière, alors il peut être possible d’atteindre les OMD en un
temps record. En outre, si les groupes de la société civile et les ONG en
particulier en Afrique sont bien structurés et organisés, ils pourraient
alors facilement aider le système des Nations Unies dans la réalisation des
OMD d’ici 2015. L’aide financière seule ne peut pas résoudre les problèmes,
une approche holistique est très importante pour la réalisation des OMD en
un temps record.
Chofor Che est analyste sur AfricanLiberty.org
Publié en collaboration avec Libreafrique.org