Par Lamine Sununu Kaba
Le mal de coeur, l’angoisse, la mélancolie et leur soeur de tristesse profonde et généralisée, sont les seuls mots à retenir d’un bref séjour sur un sol pourtant destiné à la joie.
Un peuple sans entente ni grand espoir, se tapant poitrine, prêt à en découdre à l’interne; une classe politique irréaliste où le pouvoir et l’opposition ( nous ) ne peuvent pas s’accorder sur la gestion saine et civilisée du patrimoine commun, alors que de personne à personne des relations et faits privilégiés les associent; un pays mal tenu et fatigué de l’être. ..
A Conakry, j’ai tout vu, tout entendu et tout senti, sauf la propreté des lieux - pas une seule poubelle dans une ville de millions d’habitants ; l’air pur : la pollution battant son plein, avec des camions poids extraordinairement lourds, éparpillés à tous coins de la ville et à tous moments, comme si aucune interdiction de rouler le jour ne pouvait créer un meilleur équilibré dans la circulation; l’eau et l’électricité; encore et surtout, l’entente socio-politique qui sans aucun doute est le signe précurseur de stabilité et de progrès sensible pour un pays qui meurt d’envie d’attention, de respect et de collaboration avec le monde moderne et épanoui. Ici dans ma capitale, l’exode est massif, incontrôlé et permanemment sauvage.
Cette Guinée nouvelle qui en pratique vit à l’ancienne, reste visiblement malade, inconsciente de son mal, parce que continuant à rouler à vive allure dans le sens interdit. En vérité, un pays cruellement victime de lui-même, c’est-à-dire du fait de ses propres enfants.
Ce pays qui choisit de vivre sur le trottoir et à l’extrême du monde moderne, s’auto nuit et doit s’arrêter une seule minute pour se regarder dans le miroir. Les Guinéens, nous, hommes et femmes qui nous réclamons de cette nation sinistrée, handicapée et soustraite du bon peloton du monde, devons nous changer, pas seulement en mentalité, en us, mais dans un ensemble d’autres domaines.
Dans ce pays, les lois doivent être énergiques, générales , impersonnelles et exécutoires dans tous les coins et recoins du territoire. Elles doivent cohabiter avec les normes traditionnelles à ressusciter et à différencier du statu quo. Une masse véritable de policiers, juges et auxiliaires de la justice formés et reformés; des prisons “humaines” mais impitoyables construites à l’intérieur du pays; les formateurs reformés; une armée d’élites modernement formée et équipée, à affectif réduit une fois encore, avec naturellement pour charge la défense pure de la nation ; une administration générale quasi vidée de son contenu et de sa philosophie actuels, parce que corrompue, vieille et inapte aux exigences modernes, avec des mesures d’accompagnement et de réinsertion; le retour annuel des étudiants dans les camps militaires pour des embryons sûrs de civisme, avant d’être versés dans la vie professionnelle. La nation Guinéenne doit vivre et bien vivre; vivre de respect des normes conventionnelles qui en retour lui garantiront l’ouverture véritable, la tranquillité et la réussite à laquelle elle aspire. En Guinée, cette formule universelle de réussite qui est piétinée et reléguée, semble être la raison principale des maux généraux.
Guinée bien aimée ! tu as certes mal de ton mal si profond et endémique, mais ne perd pas espoir, car si une catégorie de ses enfants a pu contribuer à t’humilier, à t’affamer et à t’éparpiller, en gaspillant tes avantages, il est du devoir et du ressort de ceux plus responsables et capables, de ramasser les morceaux, de les recoller, et de redorer ta vraie image.
Cette image s’entend par la réorganisation des structures, en avantageant la paix sociale qui flétrira la suprématie de l’ethnie et de l’ethnicité; la gestion collégiale des ressources nationales, avec pour cible les compétences nationales d’où qu’elles viennent et à tous les niveaux; la vraie décantation socio-économique, débouchant à une conférence nationale, non punitive, mais de nature à illuminer le cote’ honteux, belliqueux et sombre de notre passé, le tout avec pour référentiel des pouvoirs constitutionnels opérationnels, séparés et transparents. ..
L’effectivité de ces différents pouvoirs, à coup sûr sera porteuse de renouveau et garante de l’audience de notre pays et de son essor dans le concert des nations.
En attendant, le pays a en face ses législatives qui représentent un pas important dans la bonne direction, si elles se passaient dans le calme. Pour ce calme et pour l’après, les Guinéens, chacun à son niveau, doivent se faire violence pour privilégier l’intérêt national et général.
Lamine Sununu Kaba
Juriste,
Washington, DC- USA
Lskaba@consultant.com