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Clearstream : les déclarations de Rondot contredisent Villepin

Oct 05, 2009

Le général Philippe Rondot, qui a enquêté en 2003 et 2004 sur l'affaire Clearstream pour le ministère de la défense, a affirmé, lundi 5 octobre, que Dominique de Villepin avait appris dès janvier 2004 que le nom de Nicolas Sarkozy apparaissait sur les listings, ce que dément l'ancien premier ministre.

Présente à l'audience, Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire du Monde, raconte que le général Rondot a démonté point par point les arguments de la défense de Dominique de Villepin.

Lors de la réunion organisée le 9 janvier au ministère des affaires étrangères, en présence de l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin, M. de Villepin a "rappelé d'abord les consignes de lutte anti-corruption qui émanent du président de la République". Puis, "effectivement, le nom de Nicolas Sarkozy est cité, par les uns ou par les autres. Effectivement, Jean-Louis Gergorin évoque un compte couplé sur un certain Bocsa, le liant à Nicolas Sarkozy, je le note sans comprendre". En ressortant de cette réunion, le militaire s'est souvenu avoir écrit sur ses notes: "belle construction intellectuelle qui attire Dominique de Villepin".

Par ailleurs, le militaire a affirmé que M. de Villepin s'était alors recommandé d'instructions du président de la République pour enquêter sur cette affaire de réseaux occultes de blanchiment. "J'étais d'autant plus troublé qu'il m'a demandé de ne pas en avertir Michèle Alliot-Marie", la ministre dont il dépend, "sous prétexte que son mari a des liens avec les milieux d'affaires".

"JE N'AI PAS UN QI DE PÉTONCLE"

L'ancien conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (CROS) a également reconnu s'être fait duper dans l'affaire Clearstream. "En France, les militaires ne jouissent pas d'une réputation extraordinaire. Mais quand même, je n'ai pas un QI de pétoncle, j'ai agi comme officier de renseignement", s'est défendu le général Rondot. "Mes méthodes sont peut-être atypiques, mais je ne suis pas un électron libre", a-t-il indiqué, regrettant avoir été "instrumentalisé" tantôt par Dominique de Villepin, tantôt par l'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin et tantôt par le mathématicien Imad Lahoud.

"Je suis un officier de renseignement au service de l'Etat. J'ai toujours été persuadé que (cette enquête) avait été commandé(e) par le chef de l'Etat, sinon je ne l'aurais pas fait", a-t-il martelé. Parfois accusé d'avoir été trop crédule vis-à-vis d'Imad Lahoud, soupçonné d'être à l'origine des faux listings et qualifié de "mythomane" par de nombreuses parties au dossier, le général a argué que c'est "parfois à partir d'une source fragile et d'un fil ténu qu'on réalise la capture d'un terroriste".

Une source humaine, c'est "d'abord un homme avec ses contradictions, ses faiblesses, ses points forts". "Dans la chasse aux criminels de guerre, toute source a son importance et même quand une source montre des faiblesses, paraît inconsistante, mon principe est de jamais lâcher une source dans la nature, même si le fil est ténu".

En janvier 2003, lorsqu'on lui présente Imad Lahoud, un trader franco-libanais ayant travaillé dans la banque londonienne de la famille Ben Laden et "susceptible d'apporter des explications sur le financement des réseaux islamiques", il "ne laisse pas échapper cette opportunité". "Il me semble être une bonne approche non pas pour capturer Oussama Ben Laden, mais pour mieux connaître son environnement", a expliqué le retraité.

Malheureusement, Imad Lahoud s'avérera ne pas être la source qu'elle promettait, mais "un personnage complexe, soucieux d'entrer dans le monde du renseignement, d'y apporter sa contribution et intéressé par l'aisance que procure l'argent".

Dominique de Villepin a toujours nié avoir su que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur ces listings, de même qu'il réfute s'être recommandé d'instructions présidentielles. Le témoignage du général Rondot est donc embarrassant pour sa défense. – Le Monde 

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