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Guinée: "la descente aux enfers du capitaine Dadis"

Sep 29, 2009

Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui envisage toujours de se présenter à la présidentielle de janvier, est l'objet d'une immense contestation, tant nationale qu'internationale, après le massacre perpétré lundi par les militaires qui ont tué plus de 150 opposants.

Au Sénégal voisin, le journal privé Le Matin faisait mardi sa une sur "la descente aux enfers du capitaine Dadis", arrivé au pouvoir il y a seulement neuf mois.

Cet officier putschiste de 44 ans, devenu le président autoproclamé de la Guinée, s'est dit "très très désolé", lundi, que le sang ait été versé.

Dans des interviews confuses et décousues, il a assuré qu'il avait demandé à aller sur le terrain, quand on l'avait informé des violences, mais que son entourage l'avait incité à rester au camp militaire Alpha Yaya Diallo.

Le chef de la junte a tenté de se justifier en reprochant à l'opposition d'avoir maintenu sa marche interdite et en affirmant: "Le seul problème, c'est le simple fait qu'une bonne partie de la population demande ma candidature" à la présidentielle...

Mais pour l'un des leaders de l'opposition, Alpha Condé, "le capitaine peut bien raconter ce qu'il veut... Ils ont donné l'ordre de tirer sur la foule! Tout le monde l'a vu: c'est l'aide de camp du président, Toumba Diakité, qui est entré dans le stade avec les bérets rouges et a fait tirer sur les gens".

"A partir du moment où on a massacré, il faut que non seulement le capitaine se retire de la course à la présidentielle et du pouvoir, mais que ces gens soient jugés devant un tribunal pénal international: on ne peut pas tirer sur des jeunes et que cela reste impuni!", a poursuivi M. Condé.

Le temps semble bien loin où la junte se félicitait d'avoir pris le pouvoir "sans effusion de sang" et semblait même contrôler la troupe, réputée parmi les plus indisciplinée au monde.

Ces derniers mois, les habitants de Conakry ont souvent vu des hommes en uniforme dévaliser des commerçants, surgir dans les tribunaux pour intimider des juges ou pratiquer le kidnapping contre rançon.

"La Guinée, riche en ressources mais désespèrement pauvre, souffre depuis son indépendance en 1958 d'être sous l'emprise de régimes autoritaires, brutaux et corrompus", a rappelé mardi l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Certes, le capitaine putschiste avait d'abord gagné la confiance d'une bonne partie de la population, excédée par la misère, l'impunité et les malversations qui caractérisaient les 24 ans de règne du clan Conté.

Mais le soldat Dadis Camara - convaincu que "Dieu qui détient le pouvoir et le donne à qui il veut" l'a choisi pour conduire son pays - a épuisé en neuf mois l'essentiel de son immense crédit.

Son incapacité à réfréner ses colères et ses discours ahurissants sont devenus un sujet de moquerie sur internet.

Mais, surtout, "les neuf mois d'exercice du pouvoir des putschistes ont été caractérisés par des arrestations et détentions arbitraires, la restriction des activités politiques pacifiques, l'impunité pour des actes criminels commis par des militaires", a énuméré HRW.

"Nous avons l'intime conviction que le capitaine a disjoncté", a déclaré de son côté le dirigeant de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), basée à Dakar, Alioune Tine.

"C'est un tournant grave et significatif, qui exprime la volonté du capitaine de rester au pouvoir par tous les moyens: la terreur, la dictature et la répression", a-t-il affirmé. - AFP 

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