Pour son premier discours aux Nations unies en quarante années de pouvoir, le dirigeant libyen Moammar Kadhafi s'en est pris mercredi au Conseil de sécurité et, plus généralement, à l'ONU elle-même, accusée de ne pas avoir empêché 65 guerres depuis sa création en 1945.
A la tribune de l'Assemblée générale, Moammar Kadhafi a appelé à une réforme du Conseil de sécurité, soit par l'abolition du droit de veto des cinq membres permanents, soit par l'ajout de nouveaux membres pour accroître sa représentativité. "On ne devrait pas l'appeler le Conseil de sécurité, mais le 'conseil de la terreur'", a-t-il déclaré. Selon le dirigeant libyen, les cinq membres permanents -Etats-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie- traitent les autres membres comme des "pays de second rang, méprisés". "Aujourd'hui, mes frères, il n'y a plus de respect pour les Nations unies, plus d'égards pour l'Assemblée générale", a-t-il estimé. Moammar Kadhafi s'est exprimé à la tribune à la suite du président américain Barack Obama, après avoir demandé une pause d'environ 15 minutes. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton et l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Susan Rice ont quitté la salle avant qu'il prenne la parole. Déplorant encore "l'inégalité" entre les pays membres des Nations unies, il a ensuite souligné l'échec de l'ONU à empêcher de nombreux conflits depuis sa création en 1965. "Soixante-cinq guerres d'agression ont eu lieu sans une action collective des Nations unies pour les empêcher", a-t-il affirmé. Pour sa première venue aux Nations unies depuis son accession au pouvoir il y a 40 ans, le gouvernement libyen a choisi le parc d'une somptueuse demeure appartenant au milliardaire Donald Trump située à Bedford, dans le comté de Westchester, à 70km de Manhattan, pour planter la traditionnelle tente bédouines de Moammar Kadhafi. La municipalité de Bedford a menacé de porter plainte mercredi si les travaux d'installation de la tente se poursuivaient, arguant d'une infraction à la législation de la ville. - AP