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Affaire de fesses, affaire d’Etat

Apr 07, 2010

Deux licenciements déjà dans l’entreprise qui dirige le site Internet de l’hebdo « Le Journal du Dimanche » (JDD) d’où est partie la rumeur ;
dépôt d’une plainte par l’avocat du président Sarkozy, Thierry Herzog ;
ouverture d’une enquête par la Police judiciaire sur instruction du parquet de Paris ;
suspicions sur Rachida Dati, ex-garde des Sceaux, d’être l’instigatrice de ce ragot « qui vise à déstabiliser le couple Sarkozy ». Il a suffi d’un click sur la toile pour que le château élyséen tremble tout d’une pièce. Ô mœurs, Ô temps, Ô monstre (indomptable), Ô Internet !

L’auteure présumée de cette bombe en ligne, Aude Baron, a beau parler « d’une sorte de blague », le couple présidentiel, qui ne l’entend pas de cette oreille, est décidé à nettoyer au Kärcher ou, si vous préférez, à pendre au croc d’un boucher cette énième vilenie sur sa vie privée. Par le recours aux tribunaux. Est-ce là la solution ?

On peut en douter. Encore plus de l’usage du licenciement comme moyen de représailles. L’on a toujours en mémoire l’éviction en 2006, sur ordre de qui on sait, d’Alain Genestar du poste de directeur de publication de Paris Match pour avoir publié une photo de Cécilia Sarkozy aux bras de son amant et futur mari, Richard Attias.

Sans pour autant vouloir relayer la rumeur, comme nous l’interdisent l’éthique et la déontologie de notre métier, rappelons néanmoins que le potin, parti du site de JDD, affirme que le président français, Nicolas Sarkozy, et son épouse, Carla Bruni, auraient, l’un, une maîtresse en la personne de Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie ; et l’autre, un amant, le chanteur Benjamin Biolay.

Cet énième étalage des présumés secrets d’alcôve de l’hyperprésident et de la sémillante Première Dame est d’autant plus dur à encaisser qu’il intervient au moment où la cote de popularité du successeur de Jacques Chirac est des plus bassses depuis son accession au pouvoir en 2007. Un boulet supplémentaire à la cheville de celui qui est accusé, jusque-là en sourdine, d’être responsable du naufrage de l’UMP aux récentes régionales : du fait, entre autres, de son style de vie jugé contraire aux exigences qu’impose la fonction présidentielle.

Tenez ! Le premier président français à divorcer de sa femme ? Sarkozy. Le premier chef d’Etat de l’Hexagone à épouser une femme du show-biz ? Encore Sarkozy. Le premier locataire de l’Elysée à surmédiatiser son idylle au point de peopoliser son couple ? Vous l’aurez deviné, c’est encore et toujours Sarkozy.

Alors, faut-il s’étonner que des médias fassent des incursions, parfois à la limite de la bienséance et du voyeurisme, il faut le reconnaître, dans la vie privée d’un homme public qui ne s’impose presque rien pour protéger la respectabilité de sa charge ?

Que nenni ! A force de se surexposer, et avec soi, femme et enfants, aux feux des projecteurs, on finit par s’y brûler. Toutefois, il faut se garder de diaboliser l’homme de la rupture. Nicolas Sarkozy a beau ne pas être un Français de France et de Navarre, il a néanmoins de qui tenir au cas où les accusations d’infidélité seraient fondées. Des présidents de la République ayant entretenu des relations extraconjugales, l’histoire politique récente de l’Hexagone en a connu. Il y en a même dont la tentation de la chair a accouché d’un enfant adultérin.

Plus loin dans le temps, les monarques français étaient coutumiers de plusieurs femmes pour ne pas dire de harems : l’épouse légitime, la concubine et l’égérie et l’hétaïre, un peu à la mode des anciens grecs. Concernant le cas du sixième président de la cinquième République, s’il était avéré, ce ne serait qu’une impression de déjà-vu dans une société où la tradition veut que le chef soit toujours viril, et la reine féconde.

Mais laissons la France aux Français, ce qui, soit dit en passant, n’est pas pour déplaire au ministre de l’Immigration, Eric Besson, pour revenir chez nous au Gondwana nous interroger : pourquoi les affaires de fesses, dont sont coutumiers nombre de nos princes, y font-elles rarement le régal des médias ?
Serait-ce parce que, sous nos tropiques, la presse est respectueuse de la vie privée de ses dirigeants ? Ou plutôt parce qu’elle serait craintive de la foudre de nos monarques ? Car des présidents africains, véritables hommes à femmes, ça pullule sur le continent noir, où la virilité est perçue, là aussi, comme un attribut de puissance. – L’Observateur Paalga

 

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