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Sénégal: Quand Gorgui se fâche tout rouge

Jun 11, 2010

Chaque fois que Wade fait une sortie, on ne sait pas d’avance ce qu’il va dire. Mais avec lui, il faut toujours s’attendre à quelque chose et il n’est pas de ces chefs d’Etat qui se taisent quand ils sont interpellés sur une situation. Des gens pensent d’ailleurs qu’il parle trop et agit peu. Savez-vous au juste de quoi il s’agit ? Eh bien, tout est parti d’un appel sous forme d’une lettre ouverte de l’ambassadrice des Etats-Unis au Sénégal, Marcia Bernicat, qui appelle les autorités sénégalaises à renforcer la lutte contre la corruption.

En un mot, elle veut dire que dans ce pays, la corruption est très développée et rien n’est fait pour la juguler. La diplomate américaine va même plus loin en rappelant que son pays investit beaucoup dans la prospérité au Sénégal et qu’un gouvernement responsable demeure vital à la bonne santé du pays. Comme on s’y attendait, ses propos n’ont pas plu à Gorgui qui n’y est pas allé par quatre chemins pour dire ses vérités à Bernicat qu’il recevait dans une salle du palais de la présidence.
Morceaux choisis : « Tous les jours, vous donnez du Sénégal une image que je n’accepte pas. Je ne veux plus de cela, je vous le dis fermement. Nous avons notre fierté, notre dignité. Vous pouvez reprendre votre don de 540 millions de dollars US (environ 270 milliards de CFA) offert au Sénégal dans le cadre du Millenium Challenge corporation par l’Administration américaine ».

Wade n’est donc pas content, et en bon Africain soucieux de préserver l’honneur du pays qu’il dirige depuis 2000, il n’est pas près d’avaler des couleuvres. La corruption, qui est aussi vieille comme la prostitution, existe de par le monde et il est même devenu un phénomène à la mode quand l’Occident déverse ses milliards en Afrique pour l’aide au développement.

Mais l’utilisation qu’on en fait prend souvent d’autres directions et ce sont les milieux privilégiés du pouvoir qui en profitent. Si vous l’avez remarqué, c’est dans le cercle des hommes qui possèdent le pouvoir politique que la corruption gagne du terrain. Un réseau occulte existe dans les hautes sphères de l’Etat et il est chargé de coordonner tous les dons en provenance de tel ou tel pays.
Ceux qui sont chargés de s’en occuper ne sont pas tous honnêtes et ils vivent comme un coq en pâte dans des villas cossues. En plus de cela, ils ont des comptes garnis à l’étranger qui leur permettent, une fois le pouvoir perdu, de couler une existence paisible. On comprend donc pourquoi la diplomate américaine est inquiète de ce qui se passe au Sénégal. A-t-elle eu vent que dans le cercle de Wade l’argent qui vient de son pays n’est pas utilisé à bon escient ?

Difficile de répondre à cette question puisque le maître du pays reproche justement à Bernicat de ne désigner dans sa lettre aucun cas de corruption avéré. Le président sénégalais affirme avoir créé une commission chargée de lutter contre la corruption et la concussion (un mot qu’il a ajouté lui-même) et il transmet à la justice les rapports que lui remettent les organes de contrôle. Mais, au Sénégal, il y a la séparation des pouvoirs et il ne détermine pas le temps de la justice.

Voilà qui est clair comme l’eau de roche et venant d’un avocat averti comme lui, ce n’est pas du tout étonnant. Dans cette affaire, les Américains gagneraient à revoir leur copie en matière d’aide à l’Afrique par l’intermédiaire de ses gouvernants. La bonne gouvernance est une utopie sous nos tropiques et la corruption aura toujours droit de cité. En Europe comme en Amérique, le phénomène existe aussi et il faut se garder de vouloir donner des leçons aux autres. – L’Observateur Paalga
 

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