Le Premier ministre britannique Gordon Brown a refusé l'an dernier que Londres intervienne dans un différend entre la Libye, accusée d'avoir aidé l'Armée républicaine irlandaise (IRA), et des victimes d'attentats dans les années 1980 et 1990 en Irlande du Nord.
Ses services ont toutefois souligné dimanche que ce refus n'était pas motivé par des considérations commerciales ou financières, mais par le désir de ne pas compromettre le rapprochement diplomatique entre Tripoli et l'Occident, dans l'intérêt même de la lutte contre le terrorisme à laquelle s'est rallié le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Dans deux lettres adressées en 2008 à Jason McCue, avocat de familles de victimes de l'IRA, et rendues publiques dimanche, Gordon Brown ne jugeait pas "opportun" d'engager une polémique sur les compensations réclamées à Tripoli, qui a notamment fourni aux nationalistes irlandais l'explosif Semtex utilisé dans plusieurs attentats en Ulster. Brown ajoutait que les questions commerciales n'étaient pas la raison essentielle de sa décision, même si elles jouaient évidemment un rôle dans l'amélioration des relations avec la Libye. "Le gouvernement du Royaume-Uni ne juge pas opportun d'entrer dans une discussion avec la Libye" sur la question des indemnités réclamées par les victimes de l'IRA, écrivait le Premier ministre dans la lettre datée du 7 octobre 2008 et que Reuters a pu consulter. Dans cette lettre, Gordon Brown estimait que la Libye avait déjà répondu aux questions concernant l'aide qu'elle avait apportée à l'IRA et qu'il n'était pas question de rouvrir ce dossier. "AFFAIRE CLASSÉE" "Les réponses (données par Tripoli) ont été jugées satisfaisantes par le gouvernement britannique et la Libye a fait savoir qu'elle considérait que cette affaire était classée", ajoutait Brown. Pour expliquer son refus d'intervenir, il soulignait: "Si le commerce est un aspect des relations entre le Royaume-Uni et la Libye, la coopération bilatérale se développe maintenant à de nombreux niveaux, notamment dans la lutte contre le terrorisme (...) Je crois que cette coopération doit se poursuivre dans l'intérêt de tous." Dans l'autre lettre envoyée à McCue, datée du 11 septembre 2008, Gordon Brown rappelait que les relations avec la Libye avaient "fondamentalement changé". Dimanche, les services du Premier ministre britannique ont encore souligné que "les considérations commerciales n'étaient pas un facteur de la décision gouvernementale". Le gouvernement Brown est déjà sous le feu des critiques après la libération le 20 août de l'ancien agent libyen Abdel Basset al Megrahi, seule personne à avoir été jugée et condamnée à la perpétuité pour l'attentat contre un Boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am au-dessus de Lockerbie, qui avait fait 270 morts en 1988. Le Premier ministre britannique a affirmé que la décision de libérer Megrahi avait été prise en toute liberté par le gouvernement autonome écossais et par lui seul, pour des motifs humanitaires car l'ex-agent secret est atteint d'un cancer en phase terminale. - Reuters