L’ambassadeur de Chine en Guinée était devant la presse ce 10 février, en fin de matinée, pour parler de la quatrième et prochaine tournée africaine du ministre chinois des Affaires étrangères en Afrique, après le nouvel an chinois.
Pour l’occasion, Lixing Zhao, a parlé des relations de coopérations sino-guinéennes et a présenté le discours de Yang Jiechi, ministre chinois des Affaires étrangères, qui dresse un bilan du passé des relations sino-africaines tout en envisageant celles de l’avenir (dix prochaines années).
S’agissant de celles existant ces dix dernières années, l’ambassadeur Lixing Zhao a déclaré que les relations sino-Africaines ont connu de grands évènements, qui méritent d’être inscrits dans les annales de l’histoire des relations sino-africaines. Au-dessus tout, il s’agit dit-il, de la création et du développement du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), qui aura frayé «une nouvelle voie au renforcement du dialogue collectif et de la coopération pragmatique entre la Chine et l’Afrique.»
S’agissant du cas spécifique guinéen, le diplomate déclare que son pays a beaucoup fait et beaucoup travaillé en Guinée. Sur le plan international, la Guinée et la Chine ont témoigné une fraternité. Même que sur les questions d’ordre international, la Chine et la Guinée se sont apportés des soutiens «assez fructueux. Notamment en ce qui concerne les intérêts vitaux.» Durant ces dix dernières années, la Chine a apporté à la Guinée un important soutien quelques soient la nature des problèmes survenus en Guinée.
«Malgré les grands évènements intervenus dans le monde, ou en Guinée, le champ de coopération s’est élargi.» Il a cité entre autres, de l’hôpital de Kipé dont les travaux de construction sont achevés l’année dernière, mais le « bizou » est en train de subir les conséquences du manque d’électricité et de l’eau. Il n’est pas encore fonctionnel, malgré la récente formation en Chine de certains membres du personnel, côté guinéen. Le diplomate a également cité le chantier du stade de Nongo (Conakry) d’une capacité de cinquante mille places. Un tel projet n’a jamais réalisé par la Chine en Afrique, durant les cinquante dernières années, déclare Lixing Zhao. Mais si les travaux de construction ne se sont pas interrompus durant la crise politique survenue en Guinée ces deux dernières années, ledit chantier ne sera pas livré dans le délai préalablement établit. Du fait de certaines difficultés enregistrées au cours de l’exécution des travaux de construction.
L’ambassadeur chinois pense que «le gouvernement aurait dû tenir ses engagements pour préparer le terrain en fournissant l’eau et l’électricité sur le site ; les 24 mois auraient été tenus. Mais par ces travaux supplémentaires, on était obligé de reporter la fin des travaux. Il fallait aussi aplanir le site. Là aussi, il y avait des problèmes : avec les machines c’était trop dur, avec les dynamites c’est dangereux pour les populations riveraines, donc on était obligé de piocher.» Aussi, indique le diplomate, la société était obligée de payer la terre ailleurs à raison de 800 000 francs guinéens la charge de camion, (ce qui est cher dit-il), pour servir à faire le remblaie. Le sous-sol serait une mine de fer, en tout cas elle très rocheuse. Autant de raisons qui expliquent le retard, conclut le diplomate.
Dans les autres domaines de la coopération, selon L. Zhao, l’aide a continué. Mais dans l’avenir, il souligne que pour le développement, il doit y avoir des mesures favorables sont nécessaires pour les capitaux étrangers, pour les grands investissements.
Lixing Zhao n’a pas également ignoré la ferme de Sikikota, où le problème de propriété fait souffrir un projet agricole, qui a remplacé la ferme. Le Gouvernement n’ayant pas dédommagé les propriétaires, les 1 800 ha de terre cultivables sont réduits aux 2/3, soit 500 ha, cela après dix ans d’exploitation.
Parlant de l’organisation du grand Comité mixte sino-guinéen, l’ambassadeur a espéré qu’après le passage en Guinée du ministre chinois des Affaires étrangères, celui-ci sera relancé. Il en sera de même des projets agricoles, beaucoup plus importants que celui réalisé Sikikota, à 90km de Conakry. Les bouleversements politiques en Guinée auraient fait souffrir certaines populations des deux pays amis. Lixing Zhao, dans le cadre du renforcement de la coopération entre son pays et la Guinée, a dit avoir déjà eu des entretiens, des rendez-vous avec les nouvelles autorités guinéennes. Il a été reçu à deux audiences, par le Président de la République, Alpha Condé.
La Chine est aussi intéressée à la mise en valeur des ressources énergétiques. « Il ne manque pas de centrales hydroélectriques en Guinée, mais rares ces centrales qui restent continuellement fonctionnelles, en raison des équipements techniques, du personnel de gestion. Le seul problème est qu’il manque les capitaux pour le rétablissement de toutes ces centrales hydrauliques. Mais la question a été évoquée avec un responsable de la Banque mondiale. Un rendez-vous a été fixé pour la suite du dialogue sur le sujet,» a dit L. Zhao. Son pays est disposé à continuer sa coopération avec la Guinée.
Que répond-il à ceux qui reprochent à la Chine de ne pas être trop regardante des politiques des pays avec lesquels elle coopère?
Lixing Zhao pense que quand il arrive des évènements politiques légitimes ou illégitimes dans un pays coopérant avec la Chine, son pays estime que les peuples dudit pays pourront les résoudre. Prenant exemple du cas guinéen, il dit que ce sont des amis guinéens qui avaient des problèmes entre eux. «Tant que ces problèmes arrivent entre nos amis guinéens, je vous assure qu’avec la sagesse des Guinéens, ils trouveront une solution aux problèmes, à l’interne. Les autres pays extérieurs, quelques soient leurs puissances, ils n’ont pas le droit d’intervenir, comme c’est le cas de notre voisin de la Côte d’Ivoire. Les uns accordent leur soutien à l’un, les autres accordent leur assistance à quelqu’un d’autre, si bien que la situation politique est bouleversée, il pourrait en résulter un malheur dont on verra difficilement la fin. C’est le souhait des ivoiriens ? Je ne pense pas ! Cela ne fait pas partie de la politique extérieure de la Chine. Pour les amis africains, notre politique est clair ! Tous les problèmes sur le continent, les africains pourront arriver à trouver la solution, de manière africaine aux problèmes africains. »
Pour le cas de la Guinée, explique-t-il, tous les problèmes seront résolus à la guinéenne et sans exception commune?
Lixing conclut : «Quand des situations exceptionnelles, quand des bouleversements politiques arrivent, quelque soit la nature du pays comme la Chine, démocratique ou non, la Chine n’intervient jamais dans les affaires intérieures d’un pays ami. L’assistance économique ne doit pas être basée sur des conditions politiques, c’est la raison pour laquelle la Chine n’a jamais cessé son assistance jusqu’aujourd’hui et demain pareillement. C’est le cas en Guinée. Deux ans plus tard, le problème est réglé. Il y a un président élu, qui a déjà pris ses fonctions ; le nouveau gouvernement est formé, des nouvelles mesures politiques seront bientôt apportées pour le décollage de la nation guinéenne. N’est-ce pas ? La Chine n’accorde jamais son assistance économique avec des conditions préalables basées sur les conditions politiques.»
Mais il reconnaît qu’il n’y a jamais eu de pays développé dans des crises politiques à répétition.
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