Selon un hebdomadaire de la place, la publication de la première liste des présumés débiteurs de l’Etat la semaine dernière alimente les débats. 42 personnes physiques et morales sont accusées et devront s’expliquer dans un bref délai. Mais ce sont les créances issues du fonds de contrepartie des dons japonais, chinois et Koweïtiens qui semblent faire l’ire des accusés et qui alimentent les débats. Leur enveloppe estimée à 26 milliards 599 millions et poussières, est à recouvrer pour la relance de l’économie du pays.
La société Futurelec de El Hadj Mamadou Sylla, ancien président de l’UDG, aurait englouti 21 milliards 115 millions 749 mille 540 francs guinéens contre 1 milliard 172 millions et plus pour la société Hamana.
La société Cofagui représentée par Kleit Jamal est, elle, suspectée d’empocher 783 millions 372 mille francs guinéens. Ces accusés ne veulent pas rester amorphes. Il y a parmi eux, ceux qui ont déjà écrit au Ministre du Contrôle Economique et financier et des audits, pour s’expliquer.
Le 21 Février, El Hadj Dembo Sylla, le Directeur Général de Futurelec, a écrit au ministre Aboubacar Sidiki Koulibaly pour lui faire part de sa profonde désapprobation face à l’accusation qui porte sur Futurelec. Il récuse le montant qui aurait été englouti par Futurelec avant d’indiquer que Futurelec reste devoir la somme de 15.512.546. 541 francs guinéens au titre du fonds de contrepartie.
« La différence entre les deux montants est la valeur du stock d’engrais qui nous a été retiré suite à une décision du conseil des ministres et rétrocédé au ministère de l’Agriculture par le ministère de la coopération » souligne El Hadj Dembo Sylla. Et d’indiquer, comme si c’est le cas de l’arroseur arrosé: «Nous avons demandé par tous les moyens, sans issue, à être payé par l’Etat, du montant de 24.626.547.290 francs guinéens qu’il nous doit, en vue de nous acquitter de la créance de la coopération ou à défaut d’une compensation, de procéder à un virement direct sur le compte de la coopération. La différence entre les deux créances, toutes respectivement certaines et exigibles, donne un solde créditeur en notre faveur de 9.113.997.749 francs guinéens ». Et de poursuivre, de façon catégorique, au titre des créances issues des missions d’audit: « Nous rejetons catégoriquement le montant de 39.055.861.000 francs guinéens que vous nous attribuez et qui serait issu d’un audit dont nous n’avions pas participé en tant que partie contradictoire ».
Mais Dembo Sylla reconnaît que Futurelec est créancier de l’Etat. Ledit montant total est de 19.794.619 dollars. Ce serait un montant qui résulte de l’audit convenu entre les parties et réalisé par le cabinet FFA & Ernest Young.
On se rappelle que la semaine dernière, c’est la compagnie Rusal qui avait protesté contre les réclamations fiscales portant sur 5 millions d’Euros. La compagnie a estimé «mal fondées les réclamations concernant la prétendue dette fiscale de ses sociétés en Guinée, formulée par le ministère du contrôle économique et financier ».
Rusal affirme n’avoir reçu aucune réclamation fiscale officielle de la part du gouvernement guinéen. Il aurait même régulièrement payé les droits fiscaux conformément à la législation et dit qu’en dix ans d’exploitation en Guinée, la compagnie «est devenue l’un des plus grands investisseurs étrangers en assurant la demande garantie de bauxite et d’alumine guinéen.»
Rusal rappelle aussi avoir procédé « à la modernisation du secteur et assure un emploi à plusieurs guinéens.» Avant de dire qu’elle veut continuer ses activités en Guinée comme investisseur stratégique de bonne foi «en augmentant sa participation dans le développement social et économique de la Guinée».
Au titre des créances issues des opérations commerciales entre la Banque centrale de la Guinée et Paris-Bas, El Hadj Alsény Barry, opérateur économique guinéen, est, lui, aussi accusé de détenir un montant de 21 milliards 912 millions et poussières. Mais réfute ce montant.
El Hadj Alsény Barry et bien d’autres présumés débiteurs attendent de se faire entendre le moment venu. Les autres accusés se nomment Harouna Conté, pour un montant de 347 millions et poussières au compte de Tramer Guinée, Aboubacar Bruno Bangoura de l’imprimerie Sank, Mory Oulen Souaré. L’ancien gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée, Ibrahima Chérif Bah, est suspecté d’avoir empoché 10 millions de dollars et 6 milliards 50 millions au compte de la société Global ressource.
Comme pour répondre à ceux qui se soucient des suites que prend la publication de la première liste des débiteurs de l’Etat, Aboubacar Sidiki Koulibaly, ministre du Contrôle économique et des audits, a rassuré lors d’une récente conférence de presse, qu’il n’est pas question d’une chasse aux sorcières. Et que toutes les voies de recours sont à la disposition des présumés débiteurs. En attendant, le torchon brûle entre auditeurs et débiteurs.
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