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Kadhafi reprend l'avantage, le G8 écarte l'option militaire

Mar 15, 2011

Les huit puissances les plus industrialisées (G8), faute de consensus, ont écarté mardi à Paris l'option militaire pour ralentir en Libye les forces de Mouammar Kadhafi, se bornant à promettre pour cette semaine une nouvelle résolution à l'ONU sur des sanctions renforcées.

Dans les conclusions d'une réunion de deux jours des chefs de la diplomatie du G8, fruit d'un accord laborieux, nulle mention n'est faite d'une zone d'exclusion aérienne, voulue à l'origine par Paris et Londres. Berlin s'y est opposé, selon un diplomate français.

«Nous sommes d'accord pour demander au Conseil de sécurité d'accroître ses pressions sur le colonel Kadhafi», a dit à la presse le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. Une résolution devrait être adoptée «dans les plus brefs délais, avant la fin de la semaine», a-t-il assuré.

Le G8 regroupe les Etats-Unis, la Russie, le Japon, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Allemagne.

Dans le document de conclusions, les ministres demandent «à Mouammar Kadhafi de respecter les légitimes revendications du peuple libyen concernant ses droits fondamentaux, la liberté d'expression et une forme représentative de gouvernement» et le mettent en garde «contre les dramatiques conséquences d'un refus de sa part».

Selon des diplomates, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France espéraient distribuer dès mardi à l'ONU un projet de nouvelle résolution.

Alain Juppé a reconnu qu'il n'avait pas réussi à convaincre ses partenaires de l'urgence d'un feu vert des Nations unies à une action militaire contre les forces du colonel Kadhafi qui progressent rapidement vers Benghazi, fief des insurgés.

Il avait relevé que rien ne pourrait empêcher la chute de cette ville. «Aujourd'hui, nous n'en avons pas les moyens militaires, puisque la communauté internationale n'a pas décidé de s'en doter», a-t-il noté.
La France et la Grande-Bretagne plaident depuis plus d'une semaine pour des bombardements ciblés destinés à affaiblir le potentiel militaire de Kadhafi.

Semblant prendre ses distances avec toute recherche de consensus au sein du G8, la Grande-Bretagne a souligné que cette institution n'était pas «l'instance de décision» pour une action militaire, tandis que l'Allemagne réaffirmait son opposition à la force par crainte qu'un «tel développement devienne une guerre et affaiblisse le mouvement de démocratisation en Afrique du Nord».

Ex-puissance coloniale, l'Italie plaide pour un cessez-le-feu et l'instauration d'une zone humanitaire pour protéger les civils, reconnaissant que «les tanks sont plus rapides que le Conseil de sécurité de l'ONU», a dit le ministre Franco Frattini.

La Russie a réclamé davantage de précisions de la Ligue arabe qui a soutenu le week-end dernier l'idée de créer une zone d'exclusion aérienne en Libye.

Les Etats-Unis sont restés discrets. Pour cause de voyage en Egypte, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a quitté Paris mardi matin. Elle a promis à l'opposition libyenne d'étudier sa demande d'armes, mais sans rien promettre, selon un responsable américain.

Parmi les autres sujets abordés par le G8, la catastrophe nucléaire au Japon. Les ministres du G8 se sont dits «pleinement confiants dans la capacité du gouvernement japonais à régler la crise» et rendent «hommage au courage et à la dignité du peuple japonais», indiquent les conclusions du G8.

Les ministres ont aussi abordé la dégradation de la situation en Côte d'Ivoire, salué les mouvements de révolte dans le monde arabe, sans toutefois évoquer Bahreïn où pour la première fois des forces de sécurité étrangères - saoudiennes et émiraties- ont franchi une frontière pour aider les autorités en place. - AFP

 

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