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Hauts risques dans la "bataille d'Abidjan"

Mar 16, 2011

Des insurgés qui s'infiltrent dans des quartiers d'Abidjan, des combats à l'arme lourde avec les militaires qui tentent de les contenir: la métropole ivoirienne s'enfonce dans une guérilla urbaine à hauts risques pour les civils et à l'issue incertaine.

Comme l'ont confirmé les affrontements des derniers jours, la "bataille d'Abidjan", cité de cinq millions d'habitants, n'est gagnée ni pour un camp ni pour l'autre, même si le président sortant Laurent Gbagbo n'a jamais été en position plus difficile depuis le début de la crise post-électorale.

"Comment peut-on tirer des obus de mortier 81 et 82 mm, des roquettes de RPG7 et à la mitrailleuse 12,7 mm pour, dit-on, combattre des rebelles au sein d'une population civile?", s'insurgeait mardi le gouvernement d'Alassane Ouattara, rival de M. Gbagbo et reconnu président par la communauté internationale.

D'un côté, les insurgés d'un "commando invisible", mobile, déterminé et armé lui aussi de lance-roquettes, notamment, qui serait composé pour une bonne part d'ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), alliés à M. Ouattara.

Depuis leur fief d'Abobo (nord), quartier populaire et le plus peuplé d'Abidjan, ils progressent vers les quartiers résidentiels plus au sud: Cocody, où se trouve le siège de la télévision publique RTI, et le quartier du Plateau, qui abrite le palais présidentiel.

"La stratégie choisie est l'infiltration, l'envahissement progressif d'Abidjan" plutôt qu'une offensive sur la ligne de front qui coupe le pays en deux depuis 2002, le nord étant contrôlé par les FN et le sud par le camp Gbagbo, souligne un expert international de la crise ivoirienne.

"Il faut qu'ils aillent vite. Mais en cas de victoire, comment intégrer ces gens? Il y a une force politique (celle de M. Ouattara) mais sans unité combattante et qui a été obligée de s'allier avec une force militaire", poursuit ce spécialiste sous couvert d'anonymat.

De l'autre côté, des forces armées fidèles à Laurent Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir malgré un isolement diplomatique renforcé par des sanctions occidentales visant à l'asphyxier économiquement.

Sur le papier, le président sortant peut compter sur quelque 55.000 hommes. Mais de plus en plus d'informations font état de défections dans les rangs de ses Forces de défense et de sécurité (FDS).

Surtout, selon le chef de la force onusienne Onuci, Choi Young-jin, "la majorité des militaires ne sont pas prêts à combattre".

Lors des affrontements contre les insurgés d'Abobo, les FDS utilisent mortiers et RPG plutôt que de s'engager dans de périlleux combats de rue.

Mais face à l'ennemi, le camp Gbagbo pourrait vouloir mobiliser des milliers de "jeunes patriotes", ses plus fervents partisans.

Leur leader, Charles Blé Goudé, a commencé lundi à préparer les esprits: "Les Ivoiriens brûlent, brûlent d'envie de sauver leur pays".

"Préparez-vous parce que dans les heures qui arrivent, vous allez répondre à un appel historique, le dernier appel historique pour libérer la Côte d'Ivoire", a ajouté celui qui fut le fer de lance des manifestations pro-Gbagbo aux heures chaudes de la crise née du putsch manqué de 2002.

Pour Tara O'Connor, spécialiste de la crise ivoirienne au sein de l'organisation Africa Risk Consulting, basée à Londres, Laurent Gbagbo entame cependant la bataille d'Abidjan dans un état de "faiblesse considérable" après ses revers, notamment diplomatiques.

Mais fort de l'allégeance renouvelée des hauts responsables de l'armée, le président sortant doit s'adresser prochainement aux Ivoiriens, une intervention attendue depuis plusieurs jours. - AFP

 

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