Un tribunal égyptien a ordonné la suppression du nom d'Hosni Moubarak et de sa femme de tous les lieux publics et institutions du pays, la plus récente mesure visant à démanteler l'héritage de l'ancien président qui a passé 29 ans au pouvoir.
Au début de son règne, Hosni Moubarak avait dit qu'il ne voulait pas voir son nom sur les bâtiments publics, mais aujourd'hui, on compte des centaines, voire des milliers de rues, d'écoles, de places et de bibliothèques qui portent le nom de l'ancien président ou de sa femme, de même qu'une importante station de métro dans le centre du Caire.
Désormais, tous ces noms doivent disparaître. Il s'agit d'un nouveau camouflet infligé à Hosni Moubarak, renversé le 11 février et placé en détention provisoire à l'hôpital la semaine dernière dans le cadre de l'enquête sur les accusations de corruption et de violences contre les manifestants dont il fait l'objet. La femme de Moubarak, Suzanne, qui a joué un important rôle en coulisses dans la gestion du pays, doit être interrogée sur des allégations d'accumulation illégale de richesses.
En annonçant sa décision, le juge Mohammed Hassan Omar a affirmé que le peuple égyptien avait dévoilé au grand jour l'ampleur de la corruption de l'ancien régime.
«Il est devenu clair que l'étendue de la corruption (sous le régime Moubarak) qui est en train d'être dévoilée dépasse de loin l'imagination de quiconque», a dit le juge.
Après l'annonce de la décision, le ministre des Transports, Atef Abdel-Hameed, a déclaré aux journalistes qu'il agirait rapidement pour retirer le nom Moubarak des installations du ministère, et notamment de la station de métro du Caire.
Hosni Moubarak, qui aura 83 ans le mois prochain, est détenu dans un hôpital de Charm El-Cheikh. Jeudi, la télévision d'État a affirmé que le procureur général avait ordonné à une équipe médicale gouvernementale d'examiner M. Moubarak pour déterminer si son état lui permet d'être transféré à la prison-hôpital de Tora.
L'ancien président a subi une opération l'année dernière en Allemagne pour faire retirer sa vésicule biliaire. Il a été admis dans un hôpital de Charm El-Cheikh la semaine dernière pour un rythme cardiaque irrégulier. Des informations non confirmées de certains médias avancent qu'il souffrirait aussi de dépression.
Les deux fils d'Hosni Moubarak, Alaa, un homme d'affaires, et Gamal, un banquier devenu politicien, sont déjà détenus à Tora, au sud du Caire, et font l'objet d'une enquête pour corruption. Des fidèles du régime y sont aussi détenus, dont l'ancien premier ministre, les présidents des deux chambres du Parlement et un proche collaborateur de l'ancien président, de même que plusieurs riches hommes d'affaires liés au régime.
Un haut responsable du ministère de la Justice, Assem Al-Gohary, a indiqué que les épouses d'Alaa et de Gamal Moubarak seraient interrogées jeudi sur la façon dont leurs maris ont amassé leur richesse.
Tard jeudi, les autorités ont arrêté l'ancien ministre du Pétrole, Sameh Fahmi, et sept autres anciens responsables du ministère en lien avec des allégations de dilapidation de fonds publics et de mise en péril de l'intérêt national pour avoir fourni du pétrole à Israël à des prix beaucoup plus bas que ceux du marché.
Le procureur général égyptien a ordonné leur mise en détention pour 15 jours en attendant l'avancement de l'enquête. Des procureurs les ont interrogés pendant quatre heures jeudi au sujet de l'accord très critiqué qui, selon le procureur général, a coûté des millions de dollars à l'Égypte. – AP