Le Président Alpha Condé appelle à l’unité lors de la syndicale 125ème Fête du travail en Guinée.
Les différents syndicats et les travailleurs des secteurs public, mixte et privé de la capitale ont tous convergé ce 1er mai 2011 vers l’esplanade du Palais du peuple.
Placée sous le signe de "mouvement syndical dans la dynamique du changement", la fête du travail 2011 a donné l’occasion aux différents porte-parole de se réjouir de certaines mesures annoncées par le Président de la République en faveur des travailleurs mais également de formuler des doléances vis-à-vis des autorités en vue de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.
Parmi les actes salués, la récente volonté exprimée par le Chef de l’Etat de procéder à la réduction de la RTS (Retenue sur Salaire). Ce qui, selon eux, constitue un plus dans l’amélioration sensible du pouvoir d’achat du travailleur. Ils ont souhaité que la prochaine loi de finances intègre ce geste du Président de la République.
Dans leur cahier de doléances, ils ont souhaité l’adoption du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) ainsi que des mesures d’accompagnement comme la revalorisation effective des traitements face à l’augmentation du prix du carburant à la pompe.
En prenant la parole, le Professeur Alpha Condé a tout d’abord invité à l’unité syndicale. Autrement dit, que tous les syndicats fassent un. Pour lui, si le syndicat est créé pour la défense des intérêts des travailleurs, et s’il n’y a d’autres catégories de travailleurs qu’une seule et cela tous secteurs confondus, les syndicats devraient se fondre en un seul. Ce qui, estime le Chef de l’Etat, pourrait encourager l’octroi de la subvention de la part de l’Etat à la structure. Toutes choses qui pourraient faire éviter les querelles mesquines liées à la gestion de l’apport financier de l’Etat.
Par rapport à l’augmentation des salaires, le Chef de l’Etat a une vision : «c’est moins le salaire qui est important que le pouvoir d’achat.» Pour le Professeur Alpha Condé, il faut plutôt «améliorer les conditions d’alimentation, d’hôpital, de santé, d’école …» En l’état, selon lui, augmenter les salaires revient à recourir à «la planche à billets pour augmenter les salaires …» Conséquence : les travailleurs se verraient remis des «monnaies de singe» ; donc sans valeur.
Votre site AfricaLog.com vous propose cette intervention du Président de la République, Professeur Alpha Condé:
« Messieurs les responsables des organisations syndicales,
Mesdames les travailleuses et messieurs les travailleurs,
Vous savez que c’est à la bourse du travail que les forces vives ont été créées [applaudissements]. Et si je peux m’arrêter ici aujourd’hui pour parler en tant que Président, c’est grâce aux forces vives parce que ce sont les forces vives qui ont été à la base du changement et qui ont fait que je suis là aujourd’hui [applaudissements].
C’est pourquoi, j’ai dit à vos responsables syndicaux, que cette victoire est la victoire de nous tous et que nous devons gouverner ensemble. Cela veut dire que nous devons supporter à la fois les contraintes et les avantages du pouvoir. Mais nous vous devons le langage de la vérité. Les syndicats souhaitent que le gouvernement les subventionne. Mais, il y a trop de syndicats. Il n’y a pas deux sortes de travailleurs en Guinée. Il y a les travailleurs. Donc, les syndicats, faites d’abord un effort pour créer un syndicat unique au lieu de huit syndicats, si vous voulez que l’on vous subventionne [applaudissements].
Vouloir subventionner huit syndicats, c’est créer la zizanie et la bataille pour le partage. Lorsque vous serez capables de créer un syndicat unique pour vous associer et de le présenter, comme hier, pendant la lutte contre la colonisation, vous aviez l’Union Générale pour les Travailleurs de l’Afrique de l’Ouest [NDLR AfricaLog : il s’agit plutôt de Union Générale pour les Travailleurs de l’Afrique Noire, UGTAN] qui a emmené nos différents pays à l’indépendance.
Le gouvernement est prêt à aider le mouvement syndical, le gouvernement est prêt à voter une subvention, mais nous mettons un préalable, c’est l’unité syndicale d’abord. Alors, faites un effort et nous ferons un effort. Nous ne voulons pas de la dispersion, nous voulons de l’unité parce que vous défendez tous les intérêts des travailleurs. Si vous défendez les intérêts des travailleurs, vous devez être capables de vous entendre dans une seule centrale syndicale [applaudissements].
Nous avons dit que nous aurons une rencontre trimestrielle des responsables syndicaux et moi, pour faire le point de la situation car, personne n’ignore dans quelle situation se trouve notre pays. Donc, c’est ensemble que nous allons décider comment nous devons aller de l’avant. Il n’y a pas ceux qui revendiquent et ceux qui sont en face.
Ensemble, nous allons voir qu’est-ce que nous devons faire et dire la vérité aux travailleurs. Mais pas seulement aux travailleurs ; à l’ensemble du peuple de Guinée. C’est pourquoi, j’ai insisté auprès des travailleurs ou responsables, que c’est moins le salaire qui est important que le pouvoir d’achat. Il s’agit d’améliorer les conditions d’alimentation, d’hôpital, de santé, d’école, etc.
Nous ne sommes pas prêts à faire marcher la planche à billets pour augmenter les salaires et vous donner des monnaies de singe.
C’est pourquoi, nous disons aux travailleurs, nous allons nous concerter régulièrement pour savoir qu’est-ce que nous devons décider, bien sûr pour les travailleurs, mais pour l’ensemble du peuple de Guinée.
Donc, je vous donne le rendez-vous en espérant que la prochaine fois, d’ici le 1er mai prochain, nous serons un seul syndicat représentant l’ensemble des travailleurs guinéens.
Je vous remercie.»
AfricaLog.com