Alassane Ouattara est investi samedi, à Yamoussoukro, président de la Côte d'Ivoire, après six mois d'une meurtrière crise post-électorale et en présence d'une vingtaine de chefs d'Etat africains, du président français et du secrétaire général de l'ONU.
Placée sous le thème d'une Côte d'Ivoire "rassemblée", la cérémonie d'investiture doit débuter à 10H30 (locales et GMT) dans la capitale politique Yamoussoukro, village natal du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny (1960-93), dont M. Ouattara a été le Premier ministre (1990-93).
Seul chef d'Etat occidental à participer à cette cérémonie autour d'une vingtaine de ses pairs africains et du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, M. Sarkozy a été accueilli à l'aéroport de la capitale politique ivoirienne par M. Ouattara, a constaté l'AFP.
"C'est important d'être ici, c'est un symbole pour la démocratie", a dit M. Sarkozy à M. Ouattara qui lui a glissé: "Vous avez vu, tout le monde a dit +merci Sarko+", après qu'ils aient serré la main de jeunes supporteurs du président ivoirien.
Parmi les dirigeants africains figurent Blaise Compaoré (Burkina Faso), Ali Bongo (Gabon), Goodluck Jonathan (Nigeria, et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l?Afrique de l?Ouest, Cédéao), Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale et président de l'Union africaine, UA) et Abdoulaye Wade (Sénégal).
Egalement présents le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le président de la commission de l'UA Jean Ping et le Premier ministre kényan Raila Odinga, ancien médiateur dans la crise ivoirienne.
Certains sont arrivés dès vendredi à Yamoussoukro, en effervescence depuis quelques jours et dont les larges avenues ont été nettoyées par des armées de balayeuses et pavoisées aux couleurs nationales.
Le site de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, où se tient la cérémonie, a été placé sous haute surveillance des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FCRI) et des Casques bleus de la force onusienne (Onuci), a constaté l'AFP.
Alassane Ouattara, 69 ans, est investi près de six mois après l'élection présidentielle du 28 novembre, perdue par son rival et sortant Laurent Gbagbo qui avait refusé de quitter le pouvoir et plongé le pays dans une grave crise et des violences ayant ont fait près de 3.000 morts.
Le 3 décembre 2010, le Conseil constitutionnel avait proclamé M. Gbagbo élu avec 51,45% des suffrages, invalidant les résultats de la commission électorale, certifiés par l'ONU et reconnus par l'ensemble de la communauté internationale, donnant M. Ouattara vainqueur avec 54,1%.
M. Gbagbo a été arrêté le 11 avril à l'issue de 15 jours de guerre, surtout dans la capitale économique Abidjan, entre ses troupes et les forces de M. Ouattara, appuyées de façon décisive par la force française Licorne et celle de l'ONU.
Proclamé officiellement président le 5 mai, Alassane Ouattara a prêté serment le 6 à Abidjan.
Depuis le 11 avril, la Côte d'Ivoire se relève peu peu: les fonctionnaires ont repris le travail, les écoles ont rouvert et l'activité économique, touchée de plein fouet, sort de sa paralysie.
Mais le pays reste marqué par les exactions, violences et pillages des dernières mois, et les déplacés et réfugiés sont encore nombreux.
La situation sécuritaire s'améliore mais demeure fragile, notamment dans l'ouest, où des mercenaires libériens pro-Gbagbo en fuite sont accusés par les autorités d'avoir tué plus de 200 personnes début mai.
Le nouveau président a promis la réconciliation, en créant notamment une Commission ad hoc, mais aussi qu'aucun crime commis depuis le 28 novembre ne restera impunis, quels qu'en soient les auteurs. Il a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d'enquêter sur les crimes les plus graves.
Laurent Gbagbo, son épouse Simone et de nombreux membres de l'ancien régime sont assignés à résidence à travers le pays dans le cadre d'une enquête de la justice ivoirienne.
Le nouveau chef d'Etat doit former très prochainement un nouveau gouvernement et des élections législatives doivent être organisées d'ici fin 2011. - AFP