Les forces de l'ancien président Laurent Gbagbo et celles du nouveau chef d'Etat Alassane Ouattara ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en Côte d'Ivoire, au cours des six mois de crise post-électorale, a affirmé mercredi Amnesty International.
Les informations recueillies par Amnesty International montrent que toutes les parties ont commis des crimes au regard du droit international, notamment des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, explique l'organisation en conclusion d'un rapport publié mercredi.
Près de 3.000 personnes ont été tuées et un million déplacées, selon les autorités ivoiriennes, en raison des violences nées du refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à l'élection présidentielle de novembre 2010.
Laurent Gbagbo a été arrêté le 11 avril à Abidjan, à l'issue de plusieurs jours d'offensive des forces fidèles à Alassane Ouattara, soutenue par l'armée française et les Nations unies.
Dans un document de 84 pages, intitulé Ils lui ont demandé sa carte d'identité et l'ont abattu, Amnesty donne la parole à des victimes et des témoins de massacres, de viols et de chasses à l'homme, en particulier fin mars dans la région de Duékoué, à près de 500 km d'Abidjan, dans l'ouest du pays.
Les très graves violations et atteintes aux droits humains commises, depuis l'arrestation de Laurent Gbagbo, par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) et les éléments armés combattant à leurs côtés montrent, que les populations appartenant à des groupes ethniques considérés comme partisans de Laurent Gbagbo continuent d'être la cible d'attaques, souligne Amnesty International.
L'organisation fait ainsi état du meurtre de centaines d'hommes à Duékoué par les FRCI, sur la base de considérations politiques et ethniques. Avant de les tuer, ils ont demandé à leurs victimes de donner leur nom et de montrer leur carte d'identité. Certaines de ces cartes d'identité ont été trouvées à côté des corps.
Dans son rapport, Amnesty critique l'inaction de la mission des Nations unies dans le pays (ONUCI), basée à seulement un kilomètre du principal lieu des tueries commises à Duékoué.
Depuis décembre 2010, les forces et les milices fidèles à Laurent Gbagbo ont également commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, selon l'organisation qui cite des témoignages sur des personnes brûlées vives parce qu'elles étaient musulmanes et revient sur le bombardement fin février du quartier populaire d'Abobo à Abidjan, contrôlé par des insurgés.
Le président Alassane Ouattara a promis de mettre en place une commission dialogue, vérité et réconciliation et demandé à la Cour pénale internationale d'enquêter sur les massacres, notamment dans l'Ouest, une démarche saluée par Amnesty qui estime que sans justice pour toutes les victimes, les appels à la réconciliation risquent de déboucher sur un compromis instable et insatisfaisant qui pourrait faire le lit de violences et de vengeances futures. – avec AFP