Le dirigeant libyen contesté Mouammar Kadhafi a affirmé mardi qu'il ne se «soumettrait pas» malgré les raids violents de l'OTAN et a appelé le peuple libyen à la résistance, dans un message audio diffusé par la télévision libyenne.
«Malgré les bombardements, nous ne nous soumettrons jamais», a déclaré le colonel Kadhafi dans son premier message depuis le 13 mai, tandis que l'OTAN a mené mardi ses raids les plus violents sur Tripoli depuis le début des opérations internationales en Libye.
Ces bombardements ont détruit plusieurs bâtiments de la résidence du dirigeant dans le centre de la capitale, un immense complexe régulièrement visé par les avions de l'Otan, dont il ne reste désormais presque que des ruines fumantes, selon un journaliste de l'AFP.
«Nous continuons à faire pression sur le régime en limitant la capacité de Kadhafi à donner des ordres à travers ses centres de commandement», a expliqué un porte-parole de l'Otan, Mike Bracken, assurant que les milliers de raids de l'Alliance atlantique avaient «considérablement affaibli» le régime.
À Washington, M. Obama s'est montré encore plus clair: «Kadhafi doit quitter le pouvoir et le rendre aux Libyens, et la pression ne fera que s'intensifier jusqu'à ce qu'il le fasse». Le président américain a aussi assuré voir une «tendance inexorable» vers le départ du colonel Kadhafi.
Le régime a d'ailleurs enregistré une nouvelle défection mardi: Al Amin Manfur, ministre du Travail, en déplacement à Genève, a annoncé son soutien à la rébellion et proposé ses services au Conseil national de transition (CNT), la direction politique de la rébellion.
Dans ce contexte, l'envoyé spécial de l'ONU Adbel-Ilah al-Khatib est arrivé mardi à Tripoli pour une visite qui n'avait pas été annoncée. Il s'était déjà rendu mi-mai à Tripoli pour plaider en faveur d'un cessez-le-feu et d'un accès à l'aide humanitaire dans les villes frappées par les combats.
À Benghazi, l'envoyé spécial du Kremlin, Mikhaïl Marguelov, a rappelé la nouvelle position de Moscou, longtemps proche de Tripoli: «Nous croyons que Kadhafi a perdu sa légitimité dès la première balle qui a tué un innocent».
Il a aussi affirmé la volonté de Moscou de jouer un rôle d'intermédiaire pour faciliter le dialogue entre le régime du colonel Kadhafi et les rebelles. «La Russie est dans une position unique car elle a toujours une ambassade à Tripoli et elle vient rencontrer la rébellion aujourd'hui», a-t-il déclaré.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a cependant précisé que son pays ne cherchait pas à «endosser le rôle principal» de médiateur dans le conflit en Libye, en estimant que ce rôle revenait à l'Union africaine (UA).
«Nous n'avons qu'une seule alternative: (dans) notre pays jusqu'à la fin. Mort, vie, victoire, qu'importe. Nous n'allons pas quitter notre pays, nous n'allons pas le vendre, nous ne nous soumettrons pas», a de son côté martelé le colonel Kadhafi.
«Je suis à proximité des bombardements et les avions sont au-dessus de moi. Mais je ne pense pas à la vie ou à la mort. Je ne pense qu'à faire mon devoir», a ajouté le dirigeant libyen.
«N'ayez pas peur! En avant, en avant», a-t-il lancé à l'adresse du «peuple libyen», avant de prévenir les pays qui participent aux opérations militaires en Libye qu'ils ne pourraient «jamais vaincre un peuple armé».
Selon le «Guide», «le peuple libyen va marcher sur toutes les régions où se trouvent les bandes armées pour les désarmer sans s'entretuer».
Le colonel Kadhafi a appelé à une «marche d'un million» vers les zones rebelles dans l'est ou les montagnes berbères au sud-ouest de la capitale.
«Vos avions et les bandes armées que vous soutenez ne nous arrêteront pas dans notre marche pour libérer notre pays», a-t-il encore déclaré dans son message de neuf minutes. «Nous sommes plus forts que vos missiles, vos avions. Et la voix du peuple libyen est plus forte que vos explosions».
«Cette bataille nous a été imposée. Nous n'en faisions pas partie. Qu'est ce que vous voulez? Vous voulez nous faire soumettre? Nous ne nous soumettrons pas», a-t-il encore dit à l'attention des pays participant aux opérations de l'OTAN. - AFP