«Il est de notre devoir de venir exprimer nos sentiments profonds au Chef de l’Etat», déclaration de Jean Marie Doré.
L’ex-Premier ministre du gouvernement a fait cette déclaration le jeudi, 21 juillet 2011, au sortir d’une audience que venait de leur accorder le Président de la République, Professeur Alpha Condé.
Jean Marie Doré était à la tête d’une délégation d’anciens ministres du gouvernement de transition sous le général Sékouba Konaté. Une délégation venue « exprimer [leurs] sentiments profonds au Chef de l’Etat » suite à la tentative d’assassinat manqué sur sa personne en début de semaine.
C’était au Palais présidentiel "Sèkhoutoureya" où le Président de la République a aménagé ses quartiers, dès la soirée du 19 juillet noir, date de cet acte ignoble.
La délégation comprenait les anciens Ministres : Fodéba Isto Kéira, Georges Gandhi Tounkara, Dr Bakary Fofana, Mariama Penda Diallo, général Siba Loholamou, Thierno Aliou Diaouné, colonel Mamadou Sandé, Lucien Bèndou Guilao, Colonel Kèlèti Faro et Dr Mariama Béavogui.
Ils ont, par la voix de Dr Jean Marie Doré, vigoureusement condamné cette attaque armée de la résidence présidentielle dans la nuit du 19 juillet 2011. Pour M. Doré, « c’était une affaire très grave qui aurait pu mettre en danger l’équilibre de notre pays et, peut-être même, entraîner sa destruction. »
Il l’a dit au sortir de cette audience avec le Président de la République, Professeur Alpha Condé qui, d’après les images projetées par la télévision, affichait une sérénité déconcertante. Chahutant même ses visiteurs au terme de la rencontre.
Déclaration de Jean Marie Doré :
« Le gouvernement d’aujourd’hui, les institutions qui sont issues de la transition, c’est-à-dire le Président de la République notamment, sont les produits qui ont été préparés pendant la transition. Etant donné que c’est notre production, nous devons veiller à ce qu’elle prospère.
Quand nous apprenons que par des voies illégales, il est porté atteinte à cette institution-là, il est de notre devoir de venir exprimer nos sentiments profonds au Chef de l’Etat. Parce qu’il faut que les Guinéens apprennent à respecter la loi.
On veut fonder un Etat de droit, démocratique et républicain. Il y a des voies pour régler les contentieux. Lorsque quelqu’un n’est pas content, il saisit les institutions qui fondent la République. Et la personne se soumet aux décisions des institutions qui seront prises.
Nous ne sommes pas contents que la Guinée, après 50 ans, continue à recourir à la violence pour régler les problèmes entre individus et entre les institutions de la République. C’est ce sentiment profond que nous sommes venus exprimer au Président de la République.
Et je répète encore, parce que l’Etat de droit que nous vivons aujourd’hui, c’est le sous-produit du travail de ces hommes, de ces femmes [ndlr : parlant de ses ex-ministres] qui, pendant onze (11) mois, se sont efforcés de donner aux Guinéens, les résultats d’une élection apaisée dont, vous le savez, les résultats ont été acceptés par tout le monde y compris dans la Communauté internationale.
Je ne crois pas, à moins que l’on me donne les preuves, que c’est un montage. Je juge les faits que je vois. J’ai visité les ruines de la chambre du Président. Il est bien, pour lui et pour la Guinée, qu’il ne soit pas ce soir-là à la maison. Parce que si vous décapitez l’Etat, ce qui s’ensuit, c’est absolument imprévisible.
Que le Président puisse aller combler les vides créés dans un Ministère, ça ne met pas la République en danger. Mais si vous vous réveillez un matin, vous n’avez plus de Président de la République et il n’y a pas de vous de recours alors, c’est très grave. Donc, que l’on ne joue pas dans un montage mal ficelé avec ça !
C’est pourquoi, mon sentiment fort, au moment où je vous parle, à moins que l’on me donne la preuve contraire ce soir ou demain, mais j’ai la conviction que c’était une affaire très grave qui aurait pu mettre en danger l’équilibre de notre pays et peut-être même, entraîner sa destruction. Parce que nous vivons une situation qui est en train de se consolider mais qui n’est pas encore consolidée. Il faut que chacun veille à ce que ça soit consolidé.
Pour que la Guinée aspire au développement, il faut qu’elle soit d’abord. Il faut exister pour produire.»
C’est dans cet ordre d’idées que le Chef de l’Etat, après avoir vivement remercié ses hôtes, les a invités à s’impliquer dans la consolidation du tissu social, la paix et l’unité nationale.
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