Lors du récent sommet du G8 organisé par la France à Deauville, le Président Français Nicolas Sarkozy a manigancé une poignée de main entre Karim, le fils du président Wade et le président Barack Obama. Une image marquante pour les observateurs qui suivent les manipulations et les combines de la France en Afrique Francophone.
C’est que la France a joué un rôle fondamental dans la dévolution monarchique du pouvoir au Togo et au Gabon. Au Sénégal, Paris a voulu pousser le pion. Abdoulaye Wade n’a pas été invité à la Maison Blanche.
En recevant chaleureusement à la Maison Blanche quatre dirigeants d'Afrique francophone à savoir les présidents guinéen Alpha Condé, béninois Boni Yayi, nigérien Mahamadou Issoufou et ivoirien Alassane Ouattara, le Président Barack Obama a envoyé un message fort et encouragé les pays d’Afrique Francophone d’ embrasser la démocratie.
Ces nouvelles démocraties africaines restent fragiles malgré des espoirs suscités. Au Niger des militaires ont été arrêtés pour tentative d'assassinat du président Mahamadou Issoufou, élu en mars 2011. En Guinée, dans la nuit du 18 au 19 juillet, des militaires ont lancé un assaut sur la résidence privée du président Alpha Condé, élu en novembre 2010. En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara qui a remporté les élections en 2010 est arrivé au pouvoir après la guerre civile.
[Photos des présidents à la Maison Blanche]
Ces pays, aujourd’hui reconnus comme démocratiques par l’administration américaine pourront bénéficier d’une aide à hauteur de 450 millions de dollars du Millenium Challenge Corporation (MCC), qui est une agence américaine d’aide pour la lutte contre la pauvreté. Le Bénin qui est un pays démocratique depuis un certains temps a déjà bénéficié de cette aide.
Les dirigeants de l’Afrique Francophone démocratique ont obtenu le soutien du Président Barack Obama pour engager des reformes et installer des institutions démocratiques fortes. Le président Obama encourage les quatre leaders francophones à rompre avec les pratiques souvent décriées par les populations africaines.
AfricaLog vous donne en intégralité l’allocution du Président Obama à la fin de la rencontre, dans la salle du Conseil de la Maison-Blanche.
«Eh bien, je voulais juste publiquement accueillir quatre dirigeants très distingués à la Maison Blanche: président Yayi du Bénin, président Condé de Guinée; président Issoufou du Niger et président Ouattara de la Côte d'Ivoire.
Bien évidemment, nous avons beaucoup de choses qui se passent ici à Washington aujourd'hui, ( ndlr : le problème de la dette des Etats-Unis, opposant le président Obama au Congrès)
il était important pour nous, je pense de maintenir ce rendez-vous avec quatre dirigeants de nations qui représentent le progrès démocratique en Afrique, vital pour la stabilité, la prospérité et la justice en Afrique, mais aussi essentiel à la stabilité et la prospérité du monde.
Tous ces dirigeants ont été élus lors d'élections libres et justes. Ils ont fait preuve d'une persistance extraordinaire à vouloir promouvoir la démocratie dans leur pays malgré des risques importants pour leur propre sécurité et malgré d'immenses difficultés, dans certains cas - le plus récemment en Côte d'Ivoire – dans l’adoption des résultats de ces élections.
Mais à cause de leur courage et à cause de la détermination de leurs peuples à vivre dans les sociétés démocratiques, libres, ils ont été capables d'arriver au pouvoir, soutenus par la volonté légitime de leurs peuples. Et en tant que tels, ils peuvent servir de modèle efficace pour le continent.
Ces pays démontrent tous ce que j'ai souligné lors de ma visite au Ghana où j’ai donné un discours sur l'Afrique en général - c'est un moment d’énorme opportunité et de progrès significatifs en Afrique. Politiquement, une majorité de pays en Afrique sub-saharienne embrassent maintenant la démocratie. Economiquement, l'Afrique est l'une des régions avec la plus forte croissance dans le monde.
Et nous venons juste d’avoir une discussion très productive concernant comment nous pouvons bâtir à la fois sur le progrès politique, le progrès économique et adresser les problèmes de sécurité
qui restent un défi pour l’Afrique.
J’ai souligné que les États-Unis sont et resteront un partenaire dans ce processus de démocratisation et de développement.
Malgré l'impressionnant travail de tous ces messieurs, je l'ai dit avant et je pense ils sont tous d'accord, l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, l'Afrique a besoin d'institutions fortes. Donc, nous travaillons avec eux en tant que partenaire pour construire les institutions judiciaires efficaces, une société civile forte, les législatures qui sont efficaces et inclusives, en s'assurant que les droits de l’Homme sont protégés.
En ce qui concerne le développement économique, nous sommes tous d'accord que nous ne pouvons pas continuer à dupliquer l’approche sur la dépendance, mais plutôt nous devons adopter une approche qui crée la durabilité et la capacité au sein de chacun de ces pays, à travers le commerce, l'investissement et le développement du capital humain et l'éducation des jeunes dans ces pays.
Nous avons discuté sur le fait que non seulement nous voulons encourager les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et chacun de ces pays respectifs, mais nous voulons encourager les échanges entre pays africains et le commerce régional, ce qui nécessite des investissements dans les infrastructures dans ces régions.
Nous sommes partenaires dans la résolution pacifique des conflits et avons travaillé efficacement avec la CEDEAO et l'Union africaine pour résoudre les crises dans la région. Et nous apprécions
beaucoup l'aide que nous avons reçu sur le terrorisme qui est actuellement entrain d’essayer de gagner du terrain en Afrique.
Et, finalement, nous avons discuté comment nous pouvons travailler ensemble pour éviter la menace de la crise humanitaire en Afrique de l’Est. Je pense que cette crise n'a pas retenu assez d’attention ici aux Etats-Unis comme elle le mérite.
Mais nous commençons à voir la famine se développer le long de la Corne de l'Afrique, dans des pays comme la Somalie en particulier. Et cela va exiger une réponse internationale et l'Afrique devra être un partenaire pour faire en sorte que des dizaines de milliers de personnes ne meurent pas de faim.
Alors laissez-moi juste terminer en disant que beaucoup de pays qui sont ici - ont célébré ou vont célébrer leur 50ème année d’indépendance. Le président Issoufou a fait la remarque que je vais également célébrer mon 50ème au moins d’existence. ( Rires)
Et quand on pense à l'extraordinaire progrès qui a été réalisé, je pense que nous pouvons en être fiers. Mais bien sûr, quand on pense aux 50 ans derniers, nous devons aussi reconnaître qu'il ya eu beaucoup d'occasions manquées.
Et donc, ces leaders je pense sont engagés à faire en sorte que dans 50 ans, ils peuvent dire qu'ils ont contribué à inverser la tendance dans leur pays, à établir de solides pratiques démocratiques, pour aider à établir la prospérité économique et la sécurité.
Et nous voulons juste vous faire savoir que les Etats-Unis seront avec vous à chaque étape de ce
chemin.
Merci beaucoup, tout le monde. (Applaudissements.)»
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