Robert Bourgi a renouvelé lundi ses accusations contre plusieurs ex-présidents et ministres qui auraient, selon lui, reçu pendant des décennies des fonds occultes de chefs d'Etat africains.
Les déclarations de l'avocat, qui devraient lui valoir plusieurs plaintes en diffamation, ont déclenché un tollé dans la classe politique française à sept mois et demi du premier tour de l'élection présidentielle de 2012.
Après avoir accusé, dans le Journal du Dimanche, Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'avoir reçu pendant dix ans par son intermédiaire plusieurs dizaines de millions de dollars de fonds occultes, Robert Bourgi a affirmé lundi sur Europe 1 lundi que ces pratiques remontaient aux années 1960.
"M. (Jacques) Foccart (longtemps conseiller aux affaires africaines de l'Elysée aujourd'hui décédé) m'a dit, à moi, que ces pratiques existaient même du temps de M. Pompidou, même du temps de M. Giscard d'Estaing et même du temps de M. Mitterrand", a-t-il déclaré.
Ultérieurement, sur BFM TV, il a ajouté que la campagne présidentielle de 1988 de Jean-Marie Le Pen avait été financée par l'ancien président du Gabon Omar Bongo.
"C'est dérisoire, c'est invraisemblable", a déclaré sur RTL l'ancien président du FN, qui a ajouté qu'il porterait plainte pour diffamation, tout comme Jacques Chirac et Dominique de Villepin, qui l'ont annoncé dès dimanche.
Georges Kiejman, l'avocat de Jacques Chirac dont le procès pour détournement de fonds se poursuit ce lundi à Paris, a annoncé que son client le ferait "dans les prochains jours".
"Mon client s'est indigné, comme vous le savez, et a décidé qu'il fallait porter plainte en diffamation contre lui, ce qui sera fait", a-t-il dit en marge du procès.
L'OPPOSITION EN APPELLE À LA JUSTICE
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP) a évoqué dimanche la possibilité de saisir une commission d'enquête parlementaire sur les "affirmations sans le moindre début de commencement de preuve", de Robert Bourgi.
Ce dernier a reconnu qu'il n'avait aucun élément à fournir à l'appui de ses accusations.
"Je n'ai aucune preuve. Dans ce domaine-là, il n'y a aucune preuve, aucune trace", a-t-il dit sur Europe 1. "Et tout le monde le sait, à commencer par ceux à la disposition desquels je vais me mettre, c'est à dire les magistrats".
Le barreau de Paris a annoncé lundi avoir ouvert une enquête déontologique sur Robert Bourgi, estimant que le rôle d'intermédiaire pour la transmission des fonds occultes était incompatible avec sa profession.
L'ouverture d'une information judiciaire a de nouveau été réclamée lundi par l'opposition.
"Il y a quelque chose de très nauséabond dans le financement qui a été celui de la droite au-delà même de loi sur le financement des partis politiques votée lorsque la gauche était au pouvoir", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.
Pour l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius, sur RTL, "ce qui est sûr, c'est que si ces faits sont avérés, c'est le plus grand scandale de la droite depuis des décennies".
Robert Bourgi assure que les pratiques occultes auxquelles il a collaboré ont cessé avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
A gauche comme au Front national, l'opposition croit voir derrière les révélations de Robert Bourgi la volonté de l'actuel président de nuire à Dominique de Villepin, qui n'exclut pas une candidature à la présidentielle.
"Je ne roule pour personne. J'entends dire que je suis conseiller officieux, officiel, du président Sarkozy, c'est faux. Je ne suis le conseiller de personne ", a répliqué Robert Bourgi avant d'ajouter: "Mes avis sont sollicités."
Pour Marine Le Pen, la présidente du FN, l'affaire est pourtant bien liée aux dissensions au sein de l'UMP.
"C'est ça qui me paraît très suspect en l'occurrence: c'est que M. Bourgi est très, très proche de Nicolas Sarkozy, il fait partie du premier cercle du PR, du cercle de la famille, des amis proches", a-t-elle ajouté sur France Info. – AfricaLog avec Reuters