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Sarko, un père au bord de la crise de nerfs

Oct 30, 2011

Devenir papa à 56 ans est fatigant, même pour un président. Pas étonnant, donc, que Nicolas Sarkozy passe ses humeurs sur ses homologues européens, ironise le Times de Londres.

Nicolas Sarkozy n'est pas particulièrement connu pour prendre la vie avec décontraction. Pourtant, on a beau le connaître, il semble particulièrement tendu ces derniers temps. Il y a d'abord eu ce commentaire peu aimable sur Angela Merkel et sa consommation de fromage ["Elle dit qu'elle est au régime...et se ressert de fromage", a-t-il glissé à un collègue européen, à propos des déjeuners partagés avec la chancelière allemande]. Puis, durant le week-end [des 23 et 23 octobre], il s'en est pris violemment à David Cameron. "Vous avez perdu une bonne occasion de vous taire", l'a-t-il tancé, avant d'ajouter : "J'en ai assez de vous entendre nous critiquer et de nous dire ce que nous avons à faire."

Le Premier ministre britannique a eu l'intelligence de ne pas répondre, même si les mots "Calmons-nous, chéri" ont certainement dû lui traverser l'esprit [allusion au "Calm down dear" adressé par Cameron à une députée travailliste en avril dernier]. Depuis, il se murmure beaucoup de choses sur la signification de ce clash entre les deux dirigeants. Mais comme toujours en politique, la vérité est bien moins drôle que les rumeurs. Car la raison de l'accès de mauvaise humeur de Nicolas Sarkozy est toute simple : sa femme vient juste d'accoucher.

La petite Giulia est née le 19 octobre. Aussi bien conservée soit-elle, Carla Bruni, à 44 ans, n'est pas exactement une jeune maman. Certes, ce n'est pas son premier enfant, mais son aîné a 10 ans - une décennie qui peut avoir considérablement modifié l'énergie de la maman. Son mari, quoique réputé pour sa forme et son mode de vie sain, a tout de même la cinquantaine bien tassée. Comme tous les couples de leur âge, ils ont probablement des habitudes bien ancrées. Et les Bruni-Sarkozy doivent être habitués à mener une existence bien réglée et à jouir d'une agréable bulle de liberté.

Et voilà qu'une aiguille en forme de bébé, minuscule mais d'une puissance formidable, vient de percer la bulle, créant un appel d'air par lequel va inexorablement s'échapper le moindre semblant de courtoisie conjugale. Peu importe le nombre de nounous, gouvernantes ou domestiques disponibles pour aplanir les difficultés concrètes de la parentalité : qu'on soit président ou pas, avoir un bébé est un moment délicat.

Si je me fie à ma propre expérience d'ex-jeune maman, la cote de popularité de Papa Sarkozy à la maison aura probablement enregistré une chute spectaculaire. Disons-le franchement : il pourrait faire son jogging tout nu dans les salons d'apparat de l'Elysée, une rose entre les dents, que sa bourgeoise ne s'en rendrait même pas compte. Bouquets de fleurs, boîtes de chocolats et autres marques d'affection pourraient éventuellement parvenir à la distraire de son bébé* - mais jamais pour bien longtemps. Dans ces premiers mois qui suivent la naissance, même dans la plus passionnée des relations, le mâle de l'espèce - aussi aimant, gentil, séduisant, généreux ou puissant soit-il - devient à peu près aussi appétissant que les restes de brocolis froids de la veille. Ses besoins et désirs, quels qu'ils soient (gastronomiques, affectifs ou même, pauvre homme, sexuels), se retrouvent relégués au second plan derrière les deux grandes préoccupations qui accaparent la femelle dans sa nouvelle vie de mère : le nouveau-né, et les invraisemblables ravages physiques de la parturition.

Ce ne sont pas là des considérations sexistes ; ce sont les réalités de la vie. Il n'y a rien de plus exaspérant que de voir un mec traîner comme une âme en peine à travers la maison quand vous venez de vous faire retourner les entrailles. Je n'ai pas le plaisir de connaître Nicolas Sarkozy, mais je ne l'imagine pas vraiment enchanté de passer l'après-midi à discuter des avantages comparés de la solution de camomille et de l'infusion de fenouil en compagnie d'un être à moitié endormi, en train d'allaiter et/ou sujet à d'incontrôlables crises de larmes. Sans parler du bébé lui-même, qui se révèle lui aussi assez accaparant.

Tout ce que je peux dire, c'est que ça finit par passer. Quand bien même serait-elle au bord de l'épuisement, Carla Bruni n'est pas de ces femmes qui succombent à la tentation du pantalon à taille élastiquée. En attendant, ses homologues européens feraient sans doute mieux d'éviter Nicolas Sarkozy. Quant aux assistants chargés de trouver le cadeau idéal pour le couple présidentiel français, ils pourraient prendre exemple sur une de mes amies, elle-même maman de trois enfants, qui a son cadeau fétiche pour les jeunes parents : une bouteille de vodka glacée et deux verres à shooters. Croyez-en mon expérience, ça leur fera un bien fou. – Avec The Times, Courrier International
 

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