Une Sud-Africaine a été exécutée lundi en Chine, où elle avait été condamnée à mort pour trafic de drogue, a indiqué le ministère sud-africain des Affaires étrangères.
Janice Linden, 35 ans, a été tuée par injection létale. Elle a été condamnée en 2009 pour avoir tenté de pénétrer en Chine avec 3 kg de méthamphétamine l'année précédente.
L'exécution a eu lieu vers 10H00, heure sud-africaine (08H00 GMT), a précisé Clayson Monyela, le porte-parole du ministère à Pretoria.
Nous sommes déçus, car nous aurions préféré que la peine capitale soit commuée en prison à vie, pour éviter l'exécution, a commenté M. Monyela.
La condamnée avait épuisé tous les recours possibles. Elle clamait son innocence, affirmant qu'on avait glissé la drogue dans ses bagages à son insu.
Elle a dit qu'elle ne savait pas comment la drogue était arrivée dans ses bagages. Elle pensait qu'on avait monté une machination contre elle, a dit un parent au Mercury, le journal de Durban (est) d'où elle était originaire.
L'Afrique au Sud avait à plusieurs reprise appelé la Chine à la clémence, y compris lors de la conférence de l'ONU sur les changements climatiques qui s'est achevée dimanche à Durban.
Même en marge du COP17 (la conférence de Durban, ndlr), la ministre (sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane) a convoqué l'ambassadeur de Chine, (...) Nous avons plaidé la clémence à maintes reprises, a relevé le porte-parole.
Les autorités chinoises devaient remettre les cendres à la famille lundi, a-t-il ajouté, notant que du personnel de l'ambassade d'Afrique du Sud à Pékin accompagnait deux soeurs de Mme Linden qui se sont déplacées en Chine.
Sans confirmer l'exécution, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Liu Weimin a rappelé que son pays ne faisait qu'appliquer la loi.
Pour le traitement des trafiquants de drogue, la position du gouvernement chinois est constante et claire: qu'ils soient étrangers ou chinois, la Chine traitera leur cas selon la loi.
La Chine est de loin le pays du monde qui applique le plus la peine de mort. Pékin maintient le secret sur le nombre des exécutions, qui se compteraient par milliers, selon Amnesty International. Des universitaires chinois estiment qu'environ 10.000 personnes sont exécutées tous les ans.
L'Alliance démocratique (DA), le principal parti d'opposition en Afrique du Sud, a accusé le gouvernement de transiger sur les droits de l'homme face à son principal partenaire commercial.
Il est clair que tout ce que nos diplomates ont fait n'a pas été suffisant pour sauver la vie de Linden, a déclaré Mokgalapa Stevens, un porte-parole du parti, au journal The Times.
Les passeurs de drogue doivent être punis pour ce qu'ils font. Mais ici, on a un cas où la punition ne correspond clairement pas au crime commis, a-t-il ajouté.
Pretoria avait traîné des pieds en octobre pour accorder un visa au dalaï lama, et le manque d'empressement des autorités sud-africaines avait poussé le leader spirituel tibétain à annuler son voyage au Cap où il devait assister au 80ème anniversaire de Desmond Tutu, un autre prix Nobel de la paix.
Un haut fonctionnaire avait ensuite reconnu que l'Afrique du Sud n'avait pas voulu mettre à mal ses bonnes relations avec Pékin.
Clayson Monyela a estimé lundi que l'exécution de Janice Linden ne remettrait pas en cause les relations de l'Afrique du Sud avec la Chine, son principal partenaire commercial.- AfricaLog avec AFP