Le nouveau président tunisien Moncef Marzouki a pris ses quartiers mardi au palais présidentiel de Carthage, près d'un an jour pour jour après le début de la révolution qui chassa Zine Abidine Ben Ali du pouvoir.
La prise de fonction de M. Marzouki ouvre la voie à la formation du gouvernement d'Hamadi Jebali, le numéro deux du parti islamiste Ennahdha, qu'il nommera officiellement mercredi.
Avant de s'installer à Carthage, symbole du pouvoir présidentiel, Moncef Marzouki, 66 ans, a prêté serment devant l'Assemblée constituante qui l'avait élu la veille pour un an.
L'ancien opposant de gauche et défenseur des droits de l'homme, vêtu d'un burnous traditionnel recouvrant une veste bleue et une chemise blanche, s'est engagé, la main sur le coran, à être le «garant des intérêts nationaux, de l'État de loi et des institutions».
«Je serai fidèle aux martyrs et aux objectifs de la Révolution», a déclaré, fier et solennel, M. Marzouki qui accède à la présidence après des années d'engagement militant et de combat contre l'ancien régime.
Il a promis d'être le «président de tous les Tunisiens» et de «n'épargner aucun effort» pour améliorer la vie de ses compatriotes.
Il s'est engagé à garantir «le droit à la santé, le droit à l'éducation, le droit des femmes, de protéger le droit des travailleurs, créer des emplois et promouvoir l'investissement».
«Notre mission est de promouvoir notre identité arabo-musulmane et d'être ouverts à l'étranger; de protéger les voilées et les filles en niqab comme les non voilées», a-t-il poursuivi, alors que l'arrivée au pouvoir des islamistes d'Ennahdha a suscité des craintes chez les «modernistes».
M. Marzouki, très ému, a ensuite rendu hommage aux «martyrs de la Révolution» qui a chassé le président Ben Ali.
«Sans leur sacrifice, je ne serais pas là à cet endroit», a-t-il dit les larmes aux yeux, avant de «prier aussi pour les peuples syrien et yéménite».
«Le principal défi est de réaliser les objectifs de la Révolution. D'autres nations nous regardent comme un laboratoire de la démocratie», a-t-il ajouté.
Il a également lancé un appel à l'opposition pour «qu'elle participe à la vie politique du pays et ne se contente pas d'un rôle d'observateur».
M. Marzouki a été élu par l'Assemblée constituante issue du scrutin du 23 octobre, mais l'opposition a voté blanc mardi, estimant que la fonction présidentielle avait été dépouillée de tout pouvoir au profit du premier ministre.
À l'issue de sa prestation de serment, le nouveau président a déclaré à la presse qu'Hamadi Jebali serait «chargé demain (mercredi) du poste de chef de gouvernement».
Il s'est ensuite rendu à Carthage, où il s'est entretenu à huis clos pendant un peu plus d'une heure avec le président sortant, Fouad Mebazaa.
M. Mebazaa, 78 ans, avait pris la tête du pays juste après la chute de Ben Ali le 14 janvier, et a annoncé récemment son retrait définitif de la vie politique.
Selon une source de la présidence, les concertations politiques devraient commencer mardi après-midi pour mettre la dernière main au gouvernement.
La plupart des postes importants ont été attribués aux islamistes d'Ennahdha. Des membres des deux partis de gauche partenaires d'Ennahdha, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, devraient obtenir plusieurs portefeuilles, ainsi que des indépendants, selon des sources politiques.
Le nouvel exécutif tunisien s'installe près d'un an jour pour jour après le début du soulèvement tunisien, déclenché le 17 décembre 2010 par l'immolation d'un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid, une ville déshéritée du centre de la Tunisie.
Il prend ses fonctions dans un contexte social et économique tendu en Tunisie, où la croissance devrait être nulle et le taux de chômage dépasser les 18% en 2011. – AfricaLog avec agence