Une centaine de personnes, dont nombre de prostitué(e)s, ont défilé samedi à Paris, au départ de la place Pigalle (IXe arrondissement), pour protester contre une récente proposition de loi visant à pénaliser les clients.
Je suis majeure, j'ai toutes mes dents, touche pas à mon client, a entonné, avant même le départ du cortège, Mademoiselle, grande blonde transsexuelle posant en guêpière, string, porte-jarretelles et talons hauts devant les photographes.
Les politiques utilisent la prostitution pour faire carrière sur notre dos. Ils disent vouloir nous protéger, en fait ils vont nous enlever nos ressources, a-t-elle ensuite expliqué, avant que d'autres manifestants scandent Vous couchez avec nous, vous votez contre nous.
Selon la proposition de loi, déposée le 6 décembre à l'Assemblée nationale par les députés Guy Geoffroy (UMP) et Danielle Bousquet (PS), les peines encourues par les clients pourraient aller jusqu'à deux mois d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende.
Défilant à l'appel du Syndicat du travail du sexe (Strass) et soutenu par Act-Up Paris, Aides et le NPA, le cortège a démarré vers 15h00, derrière une banderole sur laquelle était écrit Répression = contamination.
Si les clients sont pénalisés, les filles devront se cacher un peu plus, donc elles seront encore plus isolées et en danger car elles devront accepter des pratiques qu'elles n'acceptent pas aujourd'hui, a résumé Cloé Navarro, représentante du Strass.
Les lieux de la prostitution sont aujourd'hui connus de la police, des usagers et des associations de prévention, ils ne le seront plus, a-t-elle déploré.
Sur les pancartes des militants d'Act-Up et d'Aides, on pouvait lire notamment Sida ClientEs pénaliséEs = Putes assassinéEs ou L'abus de la morale nuit gravement à la santé.
Cette loi, on va tout faire pour qu'elle ne passe pas, a aussi confié Christophe, un jeune homme disant être venu à la prostitution pour des raisons financières mais pour qui aujourd'hui, c'est un choix à part entière.
La proposition de loi, inspirée de ce qui se fait en Suède depuis 1999, est cependant encore loin d'être inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée et pourrait même ne pas l'être d'ici la fin de la législature.
Alors que l'avocate féministe Gisèle Halimi a salué son dépôt, la philosophe féministe Elisabeth Badinter s'est elle prononcée contre la pénalisation. – AfricaLog avec agence