Le 13 avril, dans une déclaration, la FESABAG (Fédération Syndicale des Assurances et des Banques de Guinée) a décidé de fermer le lundi 16 avril les banques, les assurances et les micro-finances, de 8h à 12 h, pour protester contre ce qu’elle qualifie d’un «harcèlement, injustice et de persécution » dont seraient victimes des employés du secteur bancaire. Abdoulaye Sow, le secrétaire général de la FESABAG a justifié la menace en ces termes: «Nous avons décidé d’observer une interruption collective du travail comme prévu par le Code de travail, le lundi 16 Avril 2012 dans la matinée, au niveau des banques, assurances et micro-finances. Pour réagir au harcèlement de nos patrons, à l’injustice et à la persécution, notamment de Orabank, UGAR et SOGAM». Il avait dit que ce n’était pas une grève mais une juste interruption de travail pour quelques heures.
Le Gouvernement a aussitôt engagé des négociations, le jour même de la menace. Le 15 avril, sur les antennes des médias d’Etat, le SG de la FESABAG a révélé que suite aux négociations avec l’Etat guinéen, la FESABAG a décidé de sursoir à la tenue des Assemblées Générales dans le secteur financier prévu le 16 avril, dès la signature de l’accord. Soulignons qu’au cours de la tenue de ladite Assemblée générale, les institutions bancaires et de micro-finances allaient fermer portes et guichets à leurs clients, sur toute l’étendue du territoire national.
M. Sow a indiqué que la décision consistait à attirer l’attention du gouvernement sur certaines de leurs préoccupations liées à: «la décision du juge du Tribunal de Première Instance de Kaloum d’inculper le directeur général de Orabank alors qu’il était entendu à titre de simple témoin pour un dossier concernant sa banque; le non-paiement depuis 16 mois de salaires du personnel de la SOGAM qui est placée sous administration provisoire. (A noter que le gouvernement a débloqué récemment plus de 6 milliards de francs guinéens dans le but de restructurer et sauver la dite société d’une liquidation); les inspections et convocations intempestives non coordonnées par divers services de l’Etat à l’encontre de l’UGAR et portant principalement sur la situation de la cession des participations de l’Etat dans cette compagnie depuis 2003.»
L’accord qui aurait été arraché de haute lutte a retenu pour le dossier Orabank: «Suite aux explications fournies par la partie gouvernementale, il est apparu que le directeur général adjoint ne fait plus l’objet d’un quelconque acharnement de la part de qui que ce soit. Contrairement à ce qui a été annoncé, son passeport n’a pas été saisi et ses activités ne font l’objet d’aucune restriction. D’ailleurs à ce jour, il est en mission en dehors du territoire guinéen. A l’issue des discussions, il a été convenu, dans le souci du respect des procédures judiciaires dans notre pays et de la poursuite de la dynamique visant à assurer l’indépendance de la justice, de laisser à la justice le soin d’examiner en toute objectivité et indépendance le dossier qui lui est soumis.»
Quant au dossier de la SOGAM, le Secrétaire général de la FESABAG dit qu’il est décidé de «payer en priorité (au vu des anciens bulletins de salaires), 12 mois d’arriérés le 25 avril 2012. Le reliquat devant faire l’objet d’un paiement différé.»
S’agissant du sujet de l’UGAR, M. Sow affirme que la FESABAG est informée de la décision du gouvernement visant à arrêter la mission d’inspection en cours. Même que «dorénavant, les missions d’inspection seront rationnalisées et se feront en coordination avec les services responsables du secteur des assurances de la Banque centrale.»
Le lundi 16 avril, M. Sow est intervenu sur une radio privée de la place. Il a rappelé que les banques ont toujours fait l’objet de condamnations contradictoires, malgré les multiples appels de la FESABAG aux autorités visant à les dissuader de procéder à de telles opérations. S’il y a eu moins d’acharnement contre les banques ces derniers temps «nous avons estimé que les choses reviennent. Par exemple, le dossier d’Orabank, porte sur une session de créances. C’est-à-dire qu’Orabank a accordé des crédits à des clients qui n’ont pas pu rembourser. Il y a une société financière qui a racheté ces créances, parce que l’argent est comme une marchandise (…) Une des parties se sentant dans une situation de refus de remboursement, est allée voir les services de Tiegboro pour dire qu’il s’agit d’un blanchiment de fonds. On a donc porté plainte contre Orabank pour blanchiment d’argent au Tribunal de première instance. Le Directeur général adjoint d’Orabank vient pour représenter la personne morale au Tribunal. Mais il est inculpé. On dit qu’il ne va pas voyager, on lui retire son passeport…». C’est la pomme de discorde entre le Gouvernement guinéen.
Il a indiqué que la FESABAG a voulu juste agir pacifiquement pour faire comprendre aux uns et aux autres que tout doit se faire dans le cadre légal. «Une personne morale ne doit pas dans une entreprise, convoquer une personne physique à la place d’une personne morale de manière intempestive, empêchant ainsi l’exercice professionnel», ajoute M. Sow qui dit que des Banques et Assurances comme Orabank, SOGAM et UGAR seraient gangrenées par des problèmes internes qui affectent la vie des travailleurs. «Nous n’allons pas nous opposer à des décisions de justice, ce n’est pas notre rôle. En tant que syndicaliste, notre rôle est de protéger nos emplois et de défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs. Nous défendons le contenu et le contenant. Si nos maisons sont attaquées de manière illégale, il est de notre droit de nous y opposer. Nous sommes dans un Etat de droit… »
Mais Abdoulaye Sow déclare qu’en ce qui concerne les syndicalistes de la FESABAG, ils sont pour la paix et ils s’inscriraient dans cette logique. «Nous sommes des syndicalistes purs et durs, mais non des politiciens. Nous n’allons pas descendre dans les rues ou procéder à des actes de vandalisme, mais nous allons faire un débrayage pacifique quand c’est nécessaire», a-t-il conclu.
Et Mohamed Diakité, gestionnaire à Orabank du compte bancaire de la Compagnie Guinéenne de Coton, l’un des clients débiteurs de la Banque, accusé d’avoir été de beaucoup sur le fait que le DGA d’Orabank, a été trimballée au Tribunal, a cru se défendre. Il a répliqué, aux propos controversés du secrétaire général de la FESABAG et accuse: «Le blanchiment d’argent est une réalité en Guinée».
Toujours est-il que certains observateurs estiment qu’Orabank aurait été visée par le gouvernement pour avoir comme actionnaire principal, un grand opérateur économique de la place, militant de l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG, de l’opposant principal du Président Alpha Condé.
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