Une centaine de dirigeants mondiaux ont entamé mercredi à Rio de Janeiro un sommet de trois jours censé ouvrir un nouveau chemin plus écologique et social au développement de la planète.
Un total de 86 chefs d'État et de gouvernement se sont donné rendez-vous à Rio, mais l'ombre de quelques grands absents, à commencer par le président américain Barack Obama, va peser sur ce sommet organisé par l'ONU et surnommé Rio+20.
Il survient 20 ans après le Sommet de la Terre à Rio qui, pour la première fois, avait imposé l'environnement à l'agenda mondial.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, reconnaissant que «les progrès avaient été trop lents» depuis cette conférence, a appelé à l'action les 191 États membres de l'organisation présents à Rio. «Nous sommes maintenant à portée d'un accord historique (...). Le monde regarde pour voir si les mots vont se traduire par des actions».
«Rio+20 n'est pas une fin, mais un début. Il est temps de penser d'une manière globale et à long terme, en commençant maintenant à Rio, parce que le temps n'est pas de notre côté», a dit Ban.
Les dirigeants mondiaux doivent ratifier vendredi une déclaration qui adopte le concept d'«économie verte», renforcer la gouvernance mondiale de l'environnement et lancer le principe d'«objectifs du développement durable», dans la lignée des Objectifs du Millénaire de l'ONU qui expirent en 2015.
«Je ne doute pas que nous serons à la hauteur des défis que la situation mondiale réclame», a affirmé la présidente du Brésil Dilma Rousseff.
Un accord sur ce texte de 50 pages a été adopté à l'arraché mardi après des mois de négociations et des journées de discussions ininterrompues à Rio. Mais ce texte a déjà été dénoncé comme manquant d'ambition par les Européens et les ONG.
Se faisant l'écho de l'impatience de la société civile, Brittany Triffold, une jeune étudiante néo-zélandaise de 17 ans, a fortement interpellé les chefs d'État ou de gouvernement du haut de la tribune.
«J'ai la rage au coeur, je suis en colère contre l'état du monde», a-t-elle lancé.
«J'espère que ce sommet prendra des engagements plus ambitieux que ceux qui ont été négociés», a-t-elle dit. «Nous, la prochaine génération (...), nous demandons des actions pour avoir un avenir. Nous avons confiance que vous allez, au cours des prochaines 72h, mettre nos intérêts avant tous les autres et que vous prendrez les bonnes décisions».
«Êtes-vous ici pour sauver la face ou pour nous sauver?», a-t-elle conclu, chaleureusement applaudie.
Comme la jeune Tiffany, de grandes ONG ont vigoureusement critiqué le projet de texte. Greenpeace a parlé d'«échec épique» et WWF de «déception significative». «Il faut que les leaders du monde viennent au secours des négociations, ou bien nous allons avoir plus de pauvreté, plus de conflits et plus de destruction de l'environnement», a déclaré son directeur général, Lasse Gustavsson.
Une grande manifestation de quelque 50 000 personnes devait avoir lieu mercredi après-midi, convoquée par une multitude d'organisations de la société civile, très critiques du sommet officiel.
Une série de dirigeants devaient intervenir mercredi dont le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a fait une étape éclair en Bolivie, un de ses alliés dans la région, et le président français François Hollande en provenance du G20 de Los Cabos, au Mexique.
Un total de 191 délégués doivent prendre la parole au cours des trois jours de sommet, mais, outre Obama, ni la chancelière allemande Angela Merkel, ni le premier ministre britannique David Cameron ni le président russe Vladimir Poutine n'ont fait le voyage.
Le président américain sera représenté vendredi par la secrétaire d'État Hillary Clinton.
Joignant le geste à la parole, plusieurs banques multilatérales de développement, dont la Banque mondiale, se sont engagées mercredi à consacrer plus de 175 milliards de dollars sur dix ans au développement de moyens de transport «durables» dans les pays en développement. - AfricaLog avec agence