Le garde du corps de l'ancienne Première dame ivoirienne Simone Gbagbo, le commandant Anselme Séka, a été inculpé jeudi d'assassinat, pour des faits commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, a-t-on appris de source judiciaire.
Anselme Séka a été entendu jeudi par le juge d'instruction militaire, qui l'a inculpé d'assassinat, de détournement et d'appartenance à une bande de malfaiteurs. Il est poursuivi pour les crimes commis pendant la crise post-électorale, a déclaré le procureur militaire Ange Kessi.
Anselme Séka, dit Séka Séka, officier de gendarmerie, était le responsable de la sécurité rapprochée de Simone Gbagbo, épouse de l'ex-chef d'Etat Laurent Gbagbo.
Il est aussi considéré comme le principal suspect dans l'enquête sur la mort du général Robert Gueï, ancien chef de la junte tué dans des circonstances troubles le 19 septembre 2002.
Nous ouvrons une enquête sur la mort du général Guéï après avoir reçu une plainte des ayants droit et de la famille (...). Nous avons demandé le transfert du principal suspect, le commandant Séka Anselme, a déclaré Ange Kessi, soulignant qu'il n'avait cependant pas été inculpé dans cette enquête, dans un entretien diffusé jeudi soir à la Radio télévision ivoirienne (RTI).
Surnommé le père Noël en treillis, Robert Gueï a dirigé la junte militaire installée en Côte d'Ivoire après le coup d'Etat du 24 décembre 1999 contre le président Henri Konan Bédié. Il avait été vaincu par Laurent Gbagbo à la présidentielle d'octobre 2000 et chassé du pouvoir par la rue alors qu'il tentait de s'y maintenir.
Le général Gueï, âgé de 61 ans, avait été assassiné, ainsi que son épouse, le 19 septembre 2002, jour du coup d'Etat manqué contre Laurent Gbagbo, qui avait entraîné la prise de contrôle du Nord et de l'Ouest du pays par la rébellion des Forces nouvelles.
Robert Gueï avait été accusé par le pouvoir de Laurent Gbagbo d'être derrière ces troubles. Les partisans de Gueï attribuaient en retour au régime la mort de leur chef, ce que le camp Gbagbo a toujours récusé.
En fuite depuis la chute du régime Gbagbo, Anselme Séka avait été arrêté dans des circonstances spectaculaires le 15 octobre 2011, à l'aéroport d'Abidjan, alors que son avion était en transit et qu'il voyageait sous une fausse identité. Il avait été reconnu par un passager.
Détenu par la justice ivoirienne depuis cette date, Anselme Séka a notamment été interrogé dans le cadre de l'enquête sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, survenue en 2004 à Abidjan.
Anselme Séka faisait partie des figures du régime de Laurent Gbagbo visées depuis décembre 2010 par des sanctions de l'Union européenne. Il a également été accusé d'être lié aux escadrons de la mort, des groupes accusés d'exécutions extrajudiciaires.
Soupçonné par la Cour pénale internationale d'être coauteur indirect de crimes contre l'humanité commis lors des violences liées à la crise post-électorale de 2010-2011, Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan, est détenu depuis fin 2011 à La Haye.
Simone Gbagbo est incarcérée à Odienné (nord) depuis avril 2011.
Le refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, actuel président, avait plongé le pays dans une crise meurtrière qui avait fait 3.000 morts. – AfricaLog avec agence