Le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra a affirmé mercredi que le temps "pressait" pour une intervention dans le nord du Mali sous contrôle de groupes islamistes, et réclamé "beaucoup plus de fermeté" de la communauté internationale.
"Le temps est du côté des terroristes. Plus nous prenons du temps, plus ils ont l'opportunité de faire des dégâts, de s'enraciner, de peaufiner leur stratégie", a souligné M. Diarra, en visite à Paris où il doit s'entretenir jeudi avec le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
"Je demande beaucoup plus de fermeté de la communauté internationale, et surtout qu'on prenne une décision", a-t-il ajouté, alors que le Mali a officiellement demandé l'aide de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et saisi l'Onu d'une demande d'appui et d'accompagnement.
"Plus le temps passe, plus cela va être compliqué de déloger" les groupes armés dans le nord du Mali, "plus ils ont le temps de cibler d'autres endroits et d'exporter le problème ailleurs", a ajouté M. Diarra.
"Nous sommes prêts et nous attendons l'engagement de nos partenaires à nos côtés", a-t-il dit. "Nous avons suffisamment de troupes, ce qui nous manque c'est le renseignement, l'aspect logistique et la formation", a-t-il insisté, énumérant "des armes individuelles, des détecteurs de métaux, tout ce qui permet une lutte anti-terroriste efficace dans les villes".
"Le Mali aura aussi besoin de logistique, d'armes, de formation et de renseignement pour la phase de reconquête du nord", a-t-il ajouté, rappelant que Bamako avait demandé "cinq bataillons à la Cédéao pour venir en appui à l'armée malienne dans le nord". "Nous avons également demandé le soutien aérien de tous nos amis et partenaires. Une conquête comme ça ne peut pas se faire sans soutien aérien", a-t-il souligné.
Interrogé mercredi sur la chaîne de télévision France 24, le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans le conflit malien, a jugé au contraire que les conditions n'étaient pas réunies pour une intervention armée ouest-africaine, en rejetant la responsabilité sur les autorités maliennes.
Le Mali a sollicité l'aide militaire de la Cédéao tout en excluant un déploiement de forces militaires combattantes à Bamako, ce qui, selon M. Compaoré, est "impossible".
"Il n'y a aucune réticence à Bamako", a pourtant assuré M. Diarra. "La requête d'aide faite à la Cédéao reflète la position du gouvernement, de toute l'armée du Mali et de toutes les populations du Mali".
"Les besoins du Mali ont été mis sur le papier", a-t-il dit, énumérant les différentes phases d'une opération: sécurisation de Bamako laissée à la responsabilité des forces maliennes; appui logistique et formation des troupes maliennes avec la Cédéao; reconquête du nord avec l'appui de cinq bataillons ouest-africains; sécurisation des zones après la reconquête.
Le nord du Mali est occupé depuis avril par des groupes armés islamistes qui ont imposé dans leurs zones une stricte application de la charia.
"La situation est très fluide dans le nord et varie selon ce qui sort des différentes rencontres de la communauté internationale. Leur langage change en fonction de leur perception de la résolution de la communauté internationale", a-t-il fait valoir.
M. Diarra s'est félicité de "l'oreille attentive" de la France dans le dossier malien, mais a déclaré "comprendre" que la question des otages pourrait entraver un éventuel soutien français. "La question des otages pourrait gêner la France, ce serait légitime", a-t-il déclaré.
"Nous devons mettre la libération des (6) otages dans l'équation, mais sans compromettre notre résolution de débarrasser le nord du pays des groupes armés et des trafiquants", a-t-il dit. – AfricaLog avec agence