Deux jours de suite, Paris a pris clairement position en faveur d'une réélection aux Etats-Unis du démocrate Barack Obama face au républicain Mitt Romney, au coude à coude dans les sondages, une démarche plutôt rare en France et inédite à ce jour en Europe.
Interrogé la semaine dernière, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, s'était bien gardé de prendre position, jouant la prudence.
Mardi, son ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, n'a pas eu ses précautions oratoires. Interrogé sur la chaîne de télévision parlementaire (LCP) pour savoir s'il souhaitait une réélection de Barack Obama, il a répondu: Pour ce qui me concerne, je la souhaite totalement, et je serais étonné que le gouvernement ait un autre souhait.
Mercredi, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a emboîté le pas de son ministre délégué en souhaitant clairement une victoire du démocrate.
Interrogé par la radio France Inter sur le duel Obama-Romney qui se jouera le 6 novembre, le Premier ministre a déclaré que s'il était citoyen américain il voterait sans hésiter Obama.
Ces prises de position, que seule la France a endossé à ce jour en Europe, sont très inhabituelles dans un monde policé où la diplomatie enjoint avant tout la prudence, notamment dans un contexte de lutte extrêmement serrée dans une campagne électorale.
La France a rarement affiché de façon aussi claire sa position pour un candidat dans une élection présidentielle occidentale, confirme un diplomate sous couvert d'anonymat.
Fin septembre, à New York, le président François Hollande avait déjà clairement laissé entendre sa préférence. A votre avis?, avait demandé M. Hollande au journaliste qui le questionnait. Etes-vous sensible au fait que Mitt Romney dans ses meetings de campagne ne cesse de critiquer l'Europe socialiste?, avait insisté la journaliste.
Oui, c'est pour ça que je me garderais bien de dire quoi que ce soit car vous vous doutez: si un socialiste soutenait un des deux candidats, ça pourrait lui en coûter, avait ajouté le chef de l'Etat. Je pourrais soutenir Mitt Romney mais je ne le ferai pas pour autant, avait-il enchaîné dans un sourire, en espérant revoir Barack Obama après le mois de novembre.
Selon une enquête publiée mercredi par la BBC et réalisée cet été dans 21 pays par l'institut Globe-Scan/PIPA, la France arrive en tête des pays soutenant Obama, avec 72% d'opinions favorables.
En mars, le président français sortant, le conservateur Nicolas Sarkozy, qui s'était affiché comme un ami indéfectible des Etats-Unis, avait lui aussi souhaité la réélection de Barack Obama.
Les deux hommes étaient réputés avoir eu des relations tendues tout au long de leur mandat. Mais en novembre 2011, en marge du G20, le président américain avait encensé son homologue français, lors d'un entretien croisé inédit diffusé à une heure de grande écoute par deux chaînes de télévision. – AfricaLog avec agence