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Le calvaire d'un condamné américain sorti vivant de son exécution

Oct 06, 2009

Il est 14H00 le 15 septembre quand le gardien de la prison de Lucasville dans l'Ohio (nord) lit son acte de mise à mort à Romell Broom, un Noir de 53 ans. Deux heures plus tard, il sort bras et jambes meurtris mais vivant de son exécution qui a tourné court.

C'est la première fois depuis plus de soixante ans aux Etats-Unis qu'un condamné peut raconter son exécution. C'est ce qu'a fait Romell Broom, trois jours plus tard, dans un témoignage sous serment, dont l'AFP s'est procuré la transcription.

Il est allongé pendant les préparatifs à l'injection mortelle. L'équipe pose les intraveineuses qui diffuseront ensuite trois produits: un qui anesthésie le condamné, un qui paralyse ses muscles et un qui arrête son coeur.

"Il y avait trois gardes dans la pièce, un à ma droite, un à ma gauche et l'autre à mes pieds", raconte le rescapé. "L'infirmière a essayé trois fois d'accéder à mes veines au milieu de mon bras gauche, l'infirmier a essayé trois fois d'accéder à mes veines au milieu de mon bras droit".

Première pause. Derrière la vitre de la salle d'exécution, quatre journalistes et trois membres de la famille de la victime regardent les préparatifs par le biais d'une retransmission vidéo.

Après plusieurs incidents par le passé, l'Ohio a mis en place un protocole qui prévoit que les intraveineuses soient fixées dans la cellule avant l'exécution proprement dite.

Nouveaux essais, "deux fois dans le bras gauche". "L'infirmière doit avoir touché un muscle parce que la douleur me fait hurler". "Trois fois dans le bras droit". Une veine semble assez solide, l'infirmier tente d'installer le cathéter mais celui-ci cède. "Du sang a commencé à couler sur mon bras", raconte Romell Broom.

"L'infirmière a quitté la pièce, l'officier de la prison lui a demandé si ça allait. +Non+ a-t-elle répondu".

Deuxième pause. Un gardien lui tapote l'épaule et lui conseille de se détendre. "A ce moment-là, j'avais très mal, les blessures dues aux piqûres m'empêchaient de tendre ou de bouger mes bras".

De retour avec des serviettes chaudes qu'elle applique sur les bras du condamné, l'équipe s'attaque cette fois aux mains. Romell Broom tente alors d'intervenir en aidant les infirmiers à poser le garrot. Nouvel échec, troisième pause, deuxième tapotement sur l'épaule et recommandation de se détendre.

"J'ai commencé à m'énerver. Je pleurais, j'avais mal et mes bras étaient enflés, les infirmiers piquaient dans des zones déjà contusionnées et gonflées, j'ai demandé qu'on arrête et j'ai demandé à parler avec mon avocate", explique-t-il.

L'équipe d'exécution le fait asseoir et pique la cheville droite. "L'aiguille a cogné contre un os c'était très douloureux, j'ai hurlé".

"Alors que l'infirmière essaie d'accéder à une veine dans le bas de ma jambe gauche, l'infirmier entreprend ma cheville droite". Puis s'évertue deux fois encore sur la main droite.

"Le degré de douleur était à son maximum. On m'a enfoncé des aiguilles au moins 18 fois dans plusieurs endroits du corps dans le but de m'administrer une injection pour me prendre la vie", poursuit M. Broom, qui reçoit le conseil de se détendre.

Finalement, le directeur de la prison lui fait savoir que la procédure est suspendue. Un gardien lui propose un café et une cigarette.

Condamné pour le viol et le meurtre d'une adolescente de quatorze ans, dont il se dit innocent, Romell Broom était très calme avant son exécution ratée. Il n'a reçu aucune visite. Avant cette journée du 15 septembre, il avait déjà passé 25 ans dans le couloir de la mort.

Ses avocats ont déposé depuis des recours contre une nouvelle exécution et deux autres exécutions prévues à l'automne dans l'Ohio ont été suspendues. - AFP

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