La Guinée, à égalité parfaite avec le Mali après le premier tour, a été qualifiée au tirage au sort pour les quarts de finale de la CAN-2015, une issue rocambolesque, expédiée en deux minutes et sans huissier, qui ternit l'image de la CAF et de sa compétition-phare.
Les trois rencontres disputées par les Aigles maliens et le Syli National dans le groupe D s'étaient toutes soldées par un résultat identique (1-1) et ce sont donc les Guinéens qui ont remporté la loterie organisée par la Confédération africaine de football (CAF) juste avant une réunion de son comité d'organisation dans un grand hôtel de Malabo, la capitale de la Guinée Equatoriale.
La Guinée termine ainsi 2e de la poule et affrontera au prochain tour le Ghana, vainqueur du groupe C, dimanche à Malabo.
Mais la méthode utilisée et la cérémonie, d'une durée d'à peine deux minutes, ont de quoi écorner la crédibilité de la CAF.
Pas de mains innocentes pour tirer les boules, ni d'huissiers pour veiller à la régularité de la procédure: la lourde charge est revenue à des représentants des deux pays concernés, le président de la Fédération malienne, Boubacar Baba Diarra, et le directeur financier du ministère des Sports guinéen, Amara Dabo.
-'La pire des cruautés'-
Auparavant, c'est le secrétaire général de la CAF, le Marocain Hicham El Amrani, qui avait lui-même introduit dans les boules les deux feuilles portant les inscriptions "2" (synonyme de 2e place de la poule et donc de qualification) et "3" avant de tenter tant bien que mal de mélanger les boules à l'abri des regards.
Une scène surréaliste qui témoigne de l'improvisation totale qui a prévalu dans la préparation du tirage.
Le président de la Fédération malienne n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer le recours au hasard pour départager les deux formations, estimant que cela constituait "la pire des cruautés".
"On aurait préféré perdre sur des critères sportifs mais pas sur des critères extra-sportifs. La CAF doit revoir son mode opératoire", a-t-il affirmé.
"Il faut qu'on revoie le règlement, a-t-il ajouté. On aurait pu imaginer des subterfuges, par exemple au début de la compétition, commencer à compter les corners, le coups francs, jouer sur le fair-play mais pas perdre comme ça."
Interrogé, M. El Amrani a expliqué que le règlement avait été "établi et mis à jour en 2014 et toutes les équipes l'acceptent avant même de débuter la compétition", indiquant que cela faisait partie des "aléas de la compétition".
"Je ne suis pas content de cette situation (...) mais nous n'avons pas le choix", avait déclaré de son côté le président de la CAF Issa Hayatou juste avant le tirage au sort.
- Le critère du fair-play retiré -
La CAF s'est de fait elle-même placée dans une situation des plus inconfortables en réduisant au minimum les critères en cas d'uniformité des résultats entre plusieurs nations.
Selon le règlement de la CAN, les équipes à égalité sont en effet séparées aux matches particuliers entre elles (points, différence de buts, meilleure attaque), puis à la différence de buts générale et à la meilleure attaque générale, un tirage au sort étant prévu en dernier recours.
Or, lors de la CAN-2013, le fair-play entrait en ligne de compte et le pays ayant reçu plus de cartons jaunes ou de cartons rouges était éliminé.
La CAF n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle avait utilisé un tirage au cours de la Coupe d'Afrique en 1988. L'Algérie avait alors accédé aux demi-finales (le tournoi ne comptait que huit participants à l'époque) aux dépens de la Côte d'Ivoire.
Un tel cas de figure s'était également produit en 1990 lors du Mondial en Italie. Mais il s'agissait alors de désigner l'ordre des qualifiés dans un groupe et de départager l'Eire et les Pays-Bas pour les 2e et 3e places. Les Néerlandais s'étaient inclinés mais étaient déjà assurés de leur billet en tant que meilleurs 3e. – AfricaLog avec agence