Le président américain Barack Obama a dévoilé mardi la nouvelle doctrine nucléaire des États-Unis, qui limite les situations dans lesquelles la première puissance mondiale pourrait avoir recours à l'arme atomique.
«Pour la première fois, la prévention de la prolifération et du terrorisme nucléaires sont tout en haut des priorités des États-Unis», auparavant plus préoccupés de disposer d'un rempart contre d'autres puissances nucléaires, a déclaré le président, à la tête du plus grand arsenal nucléaire du monde.
Selon cette doctrine Washington s'engage à recourir aux frappes nucléaires seulement «dans des circonstances extrêmes».
Le pays s'engage notamment à ne jamais utiliser l'arme atomique contre un adversaire qui ne la détient pas et qui respecte les règles du Traité de non prolifération nucléaire (TNP).
L'Iran et la Corée du Nord font toutefois figure d'exception à la règle, a prévenu l'administration américaine.
«Le message adressé à l'Iran et la Corée du Nord est le suivant: si vous décidez de respecter les règles du jeu (...) nous respecterons certaines obligations à votre égard», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, lors d'une conférence de presse.
«Mais si vous ne respectez pas les règles, si vous proliférez, alors toutes les options sont sur la table», a-t-il dit.
Par ailleurs, si un État non-nucléaire lançait une attaque chimique ou bactériologique contre les États-Unis ou leurs alliés, «il s'exposerait à la perspective d'une «riposte militaire conventionnelle dévastatrice», a averti Robert Gates.
Washington se réserve en outre le droit de répondre par une frappe nucléaire en fonction de l'échelle d'une telle agression.
La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, s'est enfin employée à rassurer les alliés des États-Unis en assurant que son pays continuerait de jouer pour eux un «rôle stabilisateur».
La nouvelle doctrine nucléaire des États-Unis marque le coup d'envoi d'une dizaine de jours d'intense diplomatie nucléaire, avec la signature jeudi à Prague par M. Obama et le président russe Dimitri Medvedev d'un nouveau traité START de réduction des armements nucléaires avec la Russie.
Les deux pays ont convenu de limiter leur arsenal à 1 550 têtes nucléaires stratégiques chacun.
Elle survient également une semaine avant le sommet de Washington auquel M. Obama a convié une quarantaine de dirigeants du monde à discuter de sécurité et de non-prolifération, les 12 et 13 avril.
«Notre sommet sur la sécurité nucléaire la semaine prochaine sera l'occasion pour 47 pays de s'engager en faveur de mesures spécifiques afin de sécuriser les matériaux nucléaires, qui pourraient tomber dans de mauvaises mains, partout dans le monde d'ici quatre ans», a déclaré mardi le président.
La doctrine nucléaire américaine révisée -la troisième version seulement sous cette forme depuis la fin de la Guerre froide- affirme que les États-Unis «ne produiront pas de nouvelles têtes nucléaires» et «ne conduiront pas d'essais nucléaires», mais elle proclame aussi la nécessité de moderniser ses infrastructures nucléaires.
L'Institut international de recherche pour la paix (Sipri), basé à Stockholm, s'est félicité «que les États-Unis agissent pour réduire le rôle des armes nucléaires dans sa politique de sécurité nationale», tout en regrettant qu'ils ne s'engagent pas à ne jamais tirer en premier une arme atomique. - AFP