Le 5 mai 2014, l’opposition parlementaire et extra-parlementaire, sous la signature de son Porte-parole, écrivait au Premier ministre une correspondance dans laquelle elle annonçait: «Pour parer à la survenance d'une nouvelle crise politique dont nul ne peut prévoir l'envergure et les conséquences, nous vous réitérons notre disponibilité à participer à toute rencontre avec les parties prenantes à l'accord du 03 juillet 2013, afin de convenir, par le dialogue, des conditions nécessaires à la levée de tous les obstacles liés à l'application intégrale et immédiate des dispositions convenues».
Aboubacar Sylla de poursuivre: «C'est dans ce cadre que l'opposition républicaine, soucieuse de la préservation de la paix sociale, vous [Premier ministre ; NDLR] invite instamment à initier la mise en place d'un cadre permanent de dialogue politique qui réunirait tous les signataires de l'accord politique du 03 juillet 2013, dans le but de faire le point sur la mise en œuvre de cet accord et d'identifier les faiblesses constatées au niveau du cadre juridique et institutionnel des élections, afin de définir et programmer les corrections éventuelles à envisager avant le prochain scrutin».
A la réception de la lettre, le Chef du Gouvernement a réagi en ces terme: «Monsieur le Porte-parole de l'opposition, je vous rappelle que notre peuple, en s'exprimant le 28 septembre 2013 [date des élections législatives ; NDLR] dans la plénitude de sa souveraineté, s'est doté d'une nouvelle Assemblée nationale, d'un cadre légal de dialogue et de débats démocratiques destinés aux partis politiques. C'est une avancée significative, je vous encourage à y recourir».
Pour nombre d’analystes, c’était une expression de fin de non recevoir de la part de Mohamed Saïd Fofana. En effet, par rapport à certaines exigences de l’opposition, comme le cas de l’opérateur technique pour la révision du fichier électoral et la suite à donner aux plaintes de l’opposition pour les exactions subies par ses militants lors des manifestations politiques, le Chef du gouvernement écrivait: «Pour le recrutement d'un opérateur technique, un appel à concurrence internationale sera lancé dans les délais utiles et ce, conformément aux règles des marchés publics. Pour la poursuite des auteurs des violences politiques et l'indemnisation des victimes, toutes les plaintes sont en cours d'instruction. Les indemnisations commenceront après les procès. Le chef du gouvernement veillera à la diligence du traitement du dossier».
Quant au cadre du dialogue souhaité par l’opposition, Saïd Fofana a noté: «Pour l'ouverture d'un cadre de concertation, le gouvernement renvoi l'opposition guinéenne vers l'Assemblée nationale, qui a été installée en janvier».
L’opposition qui n’a pas apprécié le contenu de la lettre du Premier ministre, était réunie le mardi 27 mai au Quartier Général de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée) de Cellou Dalein Diallo, estimant que «la patience a des limites» et elle exige «au gouvernement l’ouverture d’un dialogue politique».
Elle annonce qu’elle va toutefois, «donner une nouvelle chance à l’ouverture du dialogue» afin, précise-t-elle, «d’éviter le recours aux vieilles habitudes, c’est-à -dire, les manifestations de rue».
Ainsi, au sortir de la rencontre de travail, son Porte-parole a déclaré: «Nous avons décidé donc, en conséquence, de réécrire au Premier ministre pour réagir par rapport à ses propos contenus dans son courrier pour demander de nouveau que ce dialogue s’ouvre».
Pour ce faire, a-t-il souligné: «Nous avons décidé de prendre l’opinion internationale à témoin ainsi que l’opinion nationale en saisissant toute la Communauté internationale ainsi que tous les facilitateurs bref, en mettant à contribution tous ceux qui ont participé au dialogue de 2013, qui ont apposé notamment leur signature au bas de cet Accord politique inter-guinéen du 03 juillet 2013».
D’autre part, Aboubacar Sylla annonce que l’opposition va saisir la Représentation nationale afin d’exiger que chaque partie signataire dudit Accord, respecte son engagement: «Nous allons aussi initier, dans les brefs délais, une résolution au niveau de l’Assemblée nationale en lui demandant de se prononcer en faveur de l’application de cet accord en interpelant toutes les parties signataires de cet accord afin de leur demander, chacune en ce qui la concerne, de respecter les engagements auxquels elle a librement souscrit au titre de cet accord».
Le Porte-parole de menacer que l’opposition entend recourir à la rue au cas où il y aurait la poursuite de ce qu’il qualifie d’impasse politique: «Nous avons déjà décidé, au cas où cette impasse politique se poursuivrait, nous commencerions immédiatement nos manifestations sur les places et voies publiques conformément aux garanties accordées par notre Constitution».
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