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Préoccupé par son avenir, Sassou Nguesso ouvre un "dialogue"

Jul 13, 2015
Préoccupé par son avenir, Sassou Nguesso  ouvre un "dialogue"

Les autorités de Brazzaville ouvrent ce lundi un "dialogue national" sur l'avenir des institutions congolaises, mais l'opposition y voit une manoeuvre pour instaurer une présidence à vie au profit du chef de l'État Denis Sassou Nguesso.

A un an environ de la prochaine présidentielle, à laquelle la Constitution interdit à M. Sassou (qui cumule plus de 30 ans au pouvoir) de se présenter, ce forum doit se tenir jusqu'au 17 juillet à Sibiti, à environ 250 km à l'ouest de Brazzaville.

Il devra répondre aux deux questions posées par le président : "Comment [...] organiser au mieux les scrutins à venir dans notre pays" et faut-il faire "évoluer les institutions de la République ?"

L?opposition regroupée au sein du Front républicain pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique (Frocad) n'a pas encore annoncé sa participation à cette rencontre, qu'elle conditionne à des préalables peu compatibles avec l'objectif affiché par le pouvoir.

Âgé de 72 ans, M. Sassou est un poids lourd politique en Afrique centrale comme en témoigne le rôle de médiateur qu'il joue actuellement pour la résolution de la crise en Centrafrique. Il a dirigé le Congo à l'époque du parti unique, de 1979 jusqu'aux élections pluralistes de 1992, qu'il a perdues.

Revenu au pouvoir en 1997 à l'issue d'une violente guerre civile, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.

La Constitution adoptée en 2002 limite à deux le nombre de mandats que peut exercer un président et stipule que nul ne peut être candidat à la fonction suprême s'il a plus de 70 ans.

Le "dialogue national" doit s'ouvrir dans un climat politique tendu en Afrique centrale alors que la violence fait rage au Burundi depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé son intention de briguer un nouveau mandat.

Ancienne puissance coloniale du Congo, où le groupe pétrolier français Total est fortement implanté, la France, a dit mardi "son attachement à la préservation et à la consolidation des institutions" en Afrique, par la voix du président François Hollande, à l'issue d'une rencontre avec M. Sassou à l’Élysée.

Au Congo-Kinshasa voisin et au Rwanda, les présidents Joseph Kabila et Paul Kagame font face à une interdiction constitutionnelle de se représenter en 2016 et en 2017 et sont soupçonnés par leurs opposants de chercher à s'affranchir de cette règle.

A Brazzaville, le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) s'est prononcé en décembre 2014 en faveur d'un changement constitutionnel qui ferait passer le Congo-Brazzaville à une nouvelle république.

Certains au sein même de cette formation ne l'entendent cependant pas ainsi, tel le député et ancien ministre André Okombi Salissa, pour qui le "dialogue [...] sera un énième monologue". "Tout cela ne doit tromper personne", dit-il, appelant à ne pas tomber dans le "divertissement".

Depuis plusieurs mois M. Sassou s'efforce d'apparaître comme un observateur au-dessus du débat, mais il a déclaré fin avril qu'en cas d'absence de consensus à l'issue du "dialogue national", il faudrait "interroger le peuple" par référendum sur la question de l'opportunité d'un changement de Constitution.

Jeudi, il a exhorté "tous les acteurs politiques et sociaux" à prendre part au "dialogue national", qu'il a qualifié d'exercice de "la démocratie par excellence".

Mais le Frocad, selon son coordonnateur Paul-Marie Mpouélé, exige que le "dialogue national" soit doté d'un "ordre du jour clair qui expurge la question liée au changement de Constitution", qui est "totalement inopportune".

"L'avenir des institutions est un vrai faux problème. On se préoccupe plutôt de l'avenir de Denis Sassou Nguesso", affirme pour sa part Clément Miérassa, dirigeant d'un parti d'opposition membre du Frocad.

Pour Benjamin Hauville, du Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, cercle de réflexion basé à Bruxelles, M. Sassou "avance avec grande prudence et ne permet que peu de lisibilité sur la suite de son action, au-delà d'un référendum populaire hautement probable".

Jugeant que les partis d'opposition peinent à "faire preuve de cohérence et d'unité", M. Hauville n'exclut pas que le président, plutôt que de tenter de se maintenir en place, cherche à "préparer la stabilisation des institutions avant de quitter le pouvoir au profit d’une figure politique proche".

Les noms habituellement cités pour un tel scénario sont ceux de Jean-Dominique Okemba, le chef des renseignements, Denis-Christel Sassou Nguesso, fils du président, ou encore de l'homme d'affaires Lucien Ebata. - AfricaLog avec agence